mardi 18 septembre 2007

Episcoperles



Derrière ce titre se cache non pas un bêtisier qui ferait sourire mais une ahurissante collection de propos tenus par des évêques français et non des moindres. Ces déclarations qui laissent pantois font l’objet d’un livre de Rémi Fontaine, paru fin 2006 chez Renaissance catholique.

Je ne peux m’empêcher de vous citer quelques exemples tirés de ce livre. Ils nous laissent dans un profond malaise tant le raisonnement de la plupart de nos évêques paraît vicié. Vous jugerez par vous-mêmes.

Je citerai aujourd’hui l’incroyable participation de deux évêques à la publication d’un livre écoeurant paru en 2002, intitulé l’Eglise et l’art d’avant-garde – De la provocation au dialogue – La chair de Dieu. Cet ouvrage a été écrit conjointement par Gilbert Brownstone et Monseigneur Albert Rouet, archevêque de Poitiers. Il est préfacé par Mgr Gilbert Louis, évêque de Chalons-en-Champagne, lequel se trouve être le président du comité Art – Culture – Foi (A.C.F) qui est un service qui assure la présence de l’Eglise dans le monde des arts et de la culture comme nous le précise Eglise catholique en France, le site officiel de la conférence des évêques de France.



Monseigneur Rouet, archevêque de Poitiers

Que trouve-t-on dans cet ouvrage ? Assurément, rien qui puisse relever du beau.

On y trouve en effet une minable photographie intitulée « Piss Christ » qui nous montre un crucifix photographié dans un bocal d’urine. Figurent également une « Vierge aux excréments » de Chris Ofili (sans commentaires !), un « Re-mademoiselle Jésus » de 2002, dessin de tatouage qui représente un homme barbu et contorsionné, travesti en homosexuel avec chaussures à hauts talons, en jupe découverte et soutien-gorge.

Pour compléter le site royaliste "les Manants du Roi" énumère les photographies suivantes avec un court commentaire:

« Beads (collier de perle) ». Ce tableau représente de face une jeune femme nue baissant la tête et regardant sa main glissée d’une manière évocatrice dans son slip abaissé. Image véritablement pornographique.

Sans titre : Une femme asiatique suspendue horizontalement, et de face, à des cordes, entièrement dévêtue sous la ceinture, laisse pendre une jambe écartée comme une prostituée. Pornographie agressive.

« Naples Action » Une photo qui montre un homme aux yeux bandés allongé sur une croix à terre, comme le Christ, mais sur lequel est posé, ensanglanté, un quartier écartelé de porc. Une photo dégoûtante.

« Balkan baroque » Sur un tas d’os sanguinolents, une femme assise, les vêtements également ensanglantés, s’appuie sur un fémur. Une exposition d’abattoir !

Revenons à la première photographie représentant un crucifix dans un bocal d’urine. Ce cliché est « l’œuvre » d’un certain Andres Serrano, citoyen américain, né d’un père hondurien et d’une mère cubaine. Il semble que cet artiste, puisque, paraît-il, il en est un, rencontre quelques sérieux problèmes qui justifieraient une prise en charge psychiatrique. Ce monsieur, d’après Le Figaro, est en effet fasciné par les fluides corporels que sont le sang, le lait maternel, l’urine et le sperme. Mais cela ne s’arrête pas là. Outre des goûts proches du scatologique, Serrano éprouve un attrait morbide pour les cadavres et se repaît de photographies prises dans les morgues. L’une des photos représente le cadavre sanguinolent d’une personne suicidée. Ayant dans le passé, en raison de mes activités professionnelles, constaté de nombreux suicides, je n’éprouve aucune attirance, mais vraiment aucune, pour ce genre « artistique ». N’’attendez donc pas de moi que je vous montre quelques unes de ses œuvres photographiques. D’ailleurs, elles n’ont aucune valeur artistique et surtout elles semblent assouvir une perversion mentale pathologique à laquelle je ne veux aucunement m’associer en donnant sur ce site une publicité à des travaux pseudo artistiques. Mais de cela nos deux évêques n’en n’ont eu cure.

En effet que nous dit le site d’Art – Culture - Foi dont le président est, je vous le rappelle, Mgr Rouet ? Je vous laisse découvrir !

« Nous n'aurions jamais dû l'oublier, nous les chrétiens. Mais le Concile Vatican II nous l'a fortement rappelé: il faut aller au monde, le connaître… et l'aimer surtout! Alors nous y sommes allés. Avec ardeur… Et ce n'était pas trop difficile de s'y reconnaître au début. Bien sûr, nos sociétés se sécularisaient, opéraient leur "sortie de religion", mais leurs utopies et leurs valeurs s'inspiraient fortement d'une culture judéo-chrétienne. Aujourd'hui le décryptage est brouillé. Dans ce monde "d'individus sans appartenance", la question du sens et de la "vie réussie" est renvoyée à chacun… et la "fatigue d'être soi" se fait lourde. Les faits sociaux ne sont plus lisibles au premier degré… ils sont les symptômes de quelque chose de plus profond qui se passe au sous-sol de notre humanité. Peut être en a-t-il été toujours ainsi… mais, enivrés par les savoirs modernes, nous n'avons pas su prendre le temps de regarder. Savoir, c'est maîtriser. "Se laisser toucher", c'est se laisser prendre. Les artistes ont ce détachement, ce regard perçant. Ils vont à la racine de la condition humaine. Ils sont authentiquement prophètes, parce qu'ils révèlent ce qui ne se voit pas, ce qui échappe à l'investigation de l'expert. Nous avons désormais besoin de ce regard distancié.L'intuition principale du groupe de travail "Arts - Cultures - Foi" au sein d'un comité épiscopal, créé en 1997, aujourd'hui sous la responsabilité de Mgr Gilbert Louis et du Père Robert Pousseur, aura été de renouer avec ces "sculpteurs d'humanité" que sont les artistes. Et pour évoquer les problèmes de l'homme, commençons par ce qui apparaît en premier : la chair. D'où ce thème de "la Chair et Dieu" décliné conjointement par des artistes et des chrétiens qui témoignent dans ce livre intitulé "L'Eglise et l'art d'avant garde. De la provocation au dialogue".»

A travers cette logorrhée, véritable bouillie de chat, à l’intellectualisme de bazar, il me semble que certains doivent effectivement ressentir une certaine « fatigue d’être soi ». Je remercie d’avance celui ou celle qui me dira en quoi le « Piss Christ », la Vierge aux excréments, re-mademoiselle Jésus etc… émanent d’authentiques prophètes qui nous révèlent ce qui ne se voit pas et échappe à l’investigation de l’expert. De quel expert s’agit-il, au demeurant, et pour quelle expertise ? L’auteur de ces lignes qui se gargarise de mots creux serait probablement en peine pour répondre à cette question. Remercions par la même occasion le groupe de travail d’ACF pour son « intuition » qui nous permet de renouer avec ces « sculpteurs d’humanité ». Merci enfin pour un livre qui va de la provocation au dialogue. Quel dialogue ? Mystère !

Je laisse pour la fin le meilleur morceau, à savoir le commentaire de Mgr Rouet sans lequel nous aurions raté le train ! En effet, nous dit l’archevêque de Poitiers, « à prendre du retard pour ce rendez-vous, l’Eglise risque fort d’arriver après la fermeture des portes, obligée de prendre le prochain train. »


En guise de portes, j’aurais aimé que Mgr Rouet nous parlât plutôt des portes du psaume des matines de dimanche :


Attollite portas, principes, vestras
Et elevamini , portae aeternales :
Et introibit Rex gloriae.

Princes, levez vos portes,
Elevez les portes éternelles
Et le Roi de gloire entrera.


Icône du Christ Roi


On reste confondus par l’implication de deux évêques dans une production livresque qui relève du blasphème, du pornographique de l’ordurier et de l’immonde. Que cherchez-vous Messeigneurs à travers cette collaboration à un livre obscène ? A nous « interpeller quelque part » comme vous le dites si souvent dans votre jargon ? Nous provoquer pour nous conduire à quoi ? Le savez-vous, vous-mêmes ?

En collaborant à la rédaction d’un livre somme d’immondices pensez-vous ouvrir les portes dont vous avez tellement peur qu’elles soient fermées avant que nous n’arrivions ? Permettez moi de vous rappeler humblement ce conseil, même si c’est un comble que de devoir adresser des recommandations à des membres de l’Eglise enseignante : à parler de portes fermées, pensez plutôt à ouvrir les portes du royaume de Dieu pour que la royauté de Notre Seigneur se réalise sur terre, faute de quoi vous aurez failli à la mission donnée par le Christ.

Faut-il que vous ayez perdu le sens du beau, faut-il que ayez perdu tout sens moral, faut-il que vous ayez perdu le sens du message évangélique pour aller fouiller dans les poubelles, les fosses septiques et les abattoirs en espérant y trouver la parole divine ?

Vous êtes les dépositaires de l’enseignement du Christ, les successeurs des apôtres à qui Notre Seigneur a demandé d’aller enseigner les Nations : « Euntes ergo docete omnes gentes. »

Le Christ ne vous a pas demandé de collaborer à une œuvre manifestement satanique pour annoncer la Bonne Nouvelle. Il ne vous a pas demandé de participer à la gigantesque et folle œuvre de destruction entreprise par l’homme. Vous parlez de dialogue ? La Bible nous prouve qu’on ne discute pas avec le démon. Eve se crut assez forte pour discuter avec le serpent au jardin d’Eden. On sait ce qu’il en advint ! Et vous, pendant ce temps vous vous inscrivez dans un « questionnement » ontologique scabreux sur la nature humaine pour reprendre un terme bien en vogue dans la langue de buis. Vous allez chercher une réponse au mystère de l’homme dans des photos sordides, là où foisonnent les textes admirables des Pères de l’Eglise, des grands saints, des papes et hommes d’Eglise qui nous donnent tant de magnifiques réponses à nous qui sommes si souvent dépassés par notre propre misère humaine.

Et pour conclure, j’ajouterai à propos du train manqué évoqué par Monseigneur Rouet, qu’à tout prendre, je préfère rester sur le quai plutôt que de m’embarquer dans un convoi dont le déraillement est assuré. Monseigneur, ne vous en déplaise, j’attendrai le train suivant et peu importe l’heure d’arrivée pourvu qu’il me conduise à la bonne gare.

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