mardi 25 décembre 2007

Puer natus est nobis



Bonne et sainte fête de Noël




Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis . Et vidimus gloriam ejus, gloriam quasi Unigeniti a Patre, plenum gratiae et veritatis.


Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous. Et nous avons contemplé sa gloire, la gloire du Père à son Fils unique plein de gloire et de vérité.

dimanche 23 décembre 2007

In Nativitate Domini


Nous voici maintenant au seuil de la fête de la Nativité. Et Verbum caro factum est. Et le Verbe s’est fait chair. La fête de Noël si douce au cœur des Chrétiens est devenue en France une abominable célébration païenne. Un journaliste animateur dont la vulgarité n’a d’égal que son inculture clamait sur une radio ce matin même : « C’est Noël, éclatez-vous ! »

Un magazine féminin à large audience titrait : "Noël sexy" dans sa livraison de décembre 2006. Dans ce même numéro le journal consacrait un article intitulé : les photos érotiques excitent-elles les femmes ? (on a testé…) précise le magazine. Vaste sujet d’une très haute portée culturelle, particulièrement adapté dans l’esprit comme dans sa tonalité au message que la naissance du Christ nous signifie.


Il y a presqu’un côté blasphématoire à associer la fête de Noël à l’idée d’une quelconque séduction sensuelle derrière laquelle se cache aussi tout un commerce hautement lucratif.


Etre sexy ! Voilà à quoi se réduit la fête de la Nativité pour une certaine presse féminine. Elle montre à quel point cette presse est à l’image des vanités superficielles, aux antipodes du message apporté par le Sauveur.

Nous mesurons à quel point la société française est devenue profondément athée, attirée par la seule jouissance des plaisirs sensuels.

Ces derniers jours, me déplaçant dans Marseille, je constatais à quel point les gens étaient impatients, agressifs au volant de leur voiture. L’approche de Noël rend les individus fébriles, non pas de la fébrilité de l’attente de la venue du Messie qui vient irradier les familles comme il a réjoui les hommes de bonne volonté dans la campagne de Bethléem il un a peu plus de 2000 ans, mais fébriles dans la course effrénée aux cadeaux futiles qui seront rangés dès le lendemain de Noël, voués à l’oubli comme pour la plupart des objets convoités par caprice et dont on se lasse aussitôt qu’on est entré en leur possession. Mais qu'importe, désormais, on régale à tour de bras! Il faut offrir, offrir n'importe quoi mais offrir, alors on court en ville, on fait la queue dans les magasins, on tourne en rond pendant une demi-heure dans les parkings en attendant qu'une place veuille bien se libérer. Alors on piaffe d'impatience, on se fatigue, on s'énerve. Nous ne nous mettons plus dans la disposition d'âme nécessaire pour accueillir dans la paix et la sérénité le Christ nouveau-né dans la nuit de Noël.


Les galeries commerciales étalent leurs marchandises de pacotille, clinquantes autant qu’inutiles, les devantures regorgent de mets couteux, de pâtés, de volailles dont les prix sont devenus de plus en plus exorbitants. Qu’importe ! On court, on court pour acheter des cadeaux futiles, on court pour faire de Noël une nuit de ripailles en oubliant le véritable sens de cette nuit ineffable qui nous a donné le Dieu incarné pour notre salut.


Jadis, pour la messe de minuit, les familles à la campagne quittaient le foyer familial pour parcourir à pied les 4 ou 5 kilomètres qui les séparaient de l'église du bourg, non sans avoir pris la précaution de placer, auparavant, dans l'âtre une grosse bûche destinée à se consumer lentement, afin de maintenir le feu dans la cheminée pour le retour, tard après la messe de minuit. De ce temps là, il nous en resté la traditionnelle bûche de Noël. Autre temps, autres mœurs, où l’on n’hésitait pas à battre la campagne dans la sainte nuit de Noël en bravant le froid, la pluie ou la neige pour aller célébrer la naissance du divin Rédempteur et venir se recueillir au pied de la crèche en action de grâce après la messe. Alors, une fois rentrées au bercail, les familles se restauraient d’une soupe, d’un boudin pour reprendre des forces et se réchauffer après cette longue nuit. Mais j’imagine sans peine la joie simple qui pouvait régner dans les cœurs !

Noël est avant tout une fête qui se célèbre au plus profond de son âme, à genoux, avec une âme d’enfant émerveillée, au pied de la crèche, comme le fit saint François d’Assise. Alors oui, seulement là, un surplus peut nous être donné avec quelque nourriture qui sort de l’ordinaire pour mieux fêter dans l’intimité de la famille la beauté de la Nativité et son message à l’humanité toute entière que l’évangile de la messe de minuit nous rappelle : Gloria in altissimis Deo, et in terra pax hominibus bonae voluntatis !

Puer natus est nobis

jeudi 20 décembre 2007

L'anonymat sur Internet


Dans la lettre des Pères dominicains d’Avrillé de décembre 2007 je lis cet article sur la pratique de l’anonymat sur internet. Je vous le livre tel quel.

Lcttre des dominicains

Internet danger !

LES QUELQUES LIGNES consacrées à ce thème dans notre dernière Lettre aux amis, nous ont valu plusieurs courriers approbateurs. Un lecteur nous a fait justement remarquer que la méthode des « blogs » et des « forums de discussion » s'apparente souvent aux procédés subversifs dénoncés par M. Bonnet de Villers dans sa plaquette Groupes réducteurs et noyaux dirigeants.

Pour confirmer ses dires, ce lecteur nous a adressé le « droit de réponse » public que M. Jean Sévillia a exigé du site (le forum « catholique » !) où il s'était fait « piéger ». Ce que M. Sévillia dit ici est plein de bon sens et mérite d'être médité. En voici quelques extraits :

« La pratique de l'anonymat, dans l'univers des forums et des blogs, est profondément lâche et perverse : elle permet de dire n'importe quoi sans aucun risque. C'est une négation de la responsabilité à laquelle tout honnête homme, et a fortiori tout chrétien, est appelé, devant ses mots et ses actes. [...I Quant au fond, je ne crois pas que les catholiques aient à discuter de tout : l'Eglise n'est pas une démocratie, le catholicisme n'est pas une institution parlemen­taire. Il est tout à fait extraordinaire de voir tant de traditionalistes, dont les bibliothèques sont pleines d'ouvrages vilipendant la Révolution, se comporter comme les pires révolutionnaires, débattant de tout et n'importe quoi, quels que soient leurs titres à s'exprimer en public, enjambant toute hiérarchie et répandant des rumeurs sans souci de leurs conséquences. Et je n'évoquerai pas le vocabulaire de potache ou les exclamations infantiles sorties d'un lan­gage de BD : elles ne grandissent pas ceux qui y recourent. Et que dire de la charité chrétienne ? »

Jean Sévillia (6 mai 2007).

Cet article est intéressant car il nous invite à sérieusement nous interroger sur la pratique que nous avons les uns et les autres des forums ou des blogues. Personnellement je ne suis pas du tout adepte des forums de discussion, le plus souvent sans grand intérêt et, comme le souligne à juste titre M. Sévillia, d’un infantilisme proprement stupéfiant la plupart du temps. Retranché derrière l’anonymat certains intervenants sont manifestement animés d’intentions nuisibles voire subversives.

Monsieur Sévillia, malgré sa vaste culture et sa riche expérience professionnelle s’est fait lui-même piéger dans des conditions que j’ignore au demeurant. Cela montre que les personnes, même les plus averties, peuvent tomber dans le panneau de la manipulation.

J’ajoute, pour avoir consulté occasionnellement le Forum catholique, que les propos tenus sur ce site n’offrent le plus souvent que peu d’intérêt, à de rares exceptions près. Les « liseurs », barbarisme puéril employé sur ce site pour désigner les lecteurs du forum, font souvent circuler des informations non vérifiées et non recoupées, ce qui peut être extrêmement nuisible. Soit dit en passant, s’agissant des « liseurs », je préfère à tout prendre la « bravitude » de Ségolène Royal, qui, pourtant, ne fait pas partie de ma chapelle, loin s’en faut !

J’admets, cependant, que de nombreuses personnes fréquentent le Forum catholique en toute bonne foi et avec la plus grande honnêteté. L’anonymat est aussi, il faut bien le reconnaître, une précaution, la plupart des gens ayant des craintes à divulguer leur nom.

Les blogues sont tout aussi critiquables et sans grand intérêt, hormis quelques sites spécialisés. Comme je tiens moi-même un journal sur le net, je tiens à apporter quelques précisions.

J’ai pris l’option du pseudonyme qui est en fait le nom de ma mère, ce qui est pour moi le rappel de mes racines corses maternelles auxquelles je suis attaché. Au demeurant un lecteur qui me connaîtrait personnellement n’aurait aucune difficulté à m’identifier, en raison des références précises à ma carrière passée qui peuvent figurer dans certains de mes articles.

Pour ma part, je veille, par respect pour ceux qui me lisent, à ne relater que des faits avérés. Les articles que je publie exigent parfois de longues vérifications dans ma documentation personnelle, car je préfère ne rien écrire plutôt que de donner de fausses informations de nature à induire les lecteurs en erreur. Il ‘agit là d’une malhonnêteté intellectuelle inacceptable.

Toutefois, nul n’étant infaillible, il peut arriver que je me trompe, malgré les précautions dont je m'entoure. C’est pourquoi, j’invite les lecteurs qui seraient amenés à constater des erreurs dans mes articles de bien vouloir me les signaler, aussi bien pour le bénéfice de l’ensemble des lecteurs que pour ma propre gouverne.

D’avance je les en remercie.

dimanche 16 décembre 2007

Quand les trains se mettent à dérailler!

Une jeune parisienne a prévu de descendre dans sa famille à Marseille pour les fêtes de Noël. Comme elle ne peut réserver son billet de chemin de fer suffisamment tôt en raison des incertitudes de son emploi du temps professionnel, elle est obligée d’attendre que son planning soit arrêté par son employeur. Samedi, elle se rend donc dans une gare parisienne pour acheter un billet TGV Paris –Marseille pour le 21 décembre prochain.

Désolé, mademoiselle, lui répond-on, nous n’avons plus de places disponibles. Pourtant, elle a effectué par téléphone depuis quelques jours des multiples démarches par téléphone, mais en vain, pour obtenir ce billet qui lui tient à cœur et sans lequel elle ne pourra pas passer Noël auprès des siens.

En désespoir de cause, elle s’apprête à renoncer la mort dans l’âme quand au dernier moment, un trait fulgurant lui traverse l’esprit. Avez-vous des places disponibles pour Toulon ? Et la guichetière de lui répondre : oui, bien sûr !

Alors donnez-moi un aller TGV Paris-Toulon. Aussitôt dit, aussitôt fait et la préposée de lui délivrer le billet tant espéré. Notre jeune femme règle le montant et prend possession du billet.

Que lit-elle dans les cases destination du coupon de voyage ?
Le voyage est scindé en deux étapes :

- Paris-Marseille - Correspondance et changement de train à Marseille.
- Marseille-Toulon

Ah???!!! Manifestement il y a quelque chose d’incohérent ! Aucune place n’est disponible pour aller de Paris à Marseille, mais de Paris à Toulon avec arrêt à Marseille, comme par enchantement, on trouve des places sans la moindre difficulté.

Je sais que les technocrates de la SNCF et les informaticiens me donneront des explications argumentées en affirmant qu’il ne s’agit pas d’une incohérence et bien au contraire qu’il s’agit de préserver un nombre de places disponibles pour les voyageurs désirant se rendre à Toulon.

Comme on peut pousser le même raisonnement pour les destinations qui se trouvent au-delà de Toulon, Hyères, Antibes, Cannes et Nice, je suppose que cela fait un volant de places disponibles non négligeable et qu’il serait bien étonnant que toutes les places soient prises d’ici le 21 décembre.

Etonnée, on le serait à moins, la jeune femme fait part de sa stupéfaction. Explications embarrassées et peu convaincantes de la guichetière.

Puisque vous avez des places pour Marseille comme me le prouve ce billet, remboursez-moi le différentiel Marseille-Toulon, trajet qui ne se justifie plus dès lors que le train s’arrête en gare de Marseille Saint Charles. Non, non c’est impossible lui rétorque-t-on.

De guerre lasse notre jeune voyageuse n’insiste pas et se rend trois guichets plus loin où elle demande le remboursement du trajet Marseille – Toulon. L’opérateur ne fait aucune difficulté et quelques instants plus tard le surplus est remboursé.

Tout revient à considérer que le Paris-Toulon passe virtuellement à Marseille. Ce train passe à Marseille mais il ne s'arrête pas à Marseille.

On se croirait dans un sketch loufoque déjà ancien des humoristes Chevallier et Laspalès : le train pour Pau. La réalité rejoint parfois la fiction ! Je vous invite à visionner cette séquence ci-dessous.

A ce rythme faudra-t-il bientôt demander un billet Paris-Moscou pour nous rendre à Marseille ?




le train pour pau chevalier et laspales
envoyé par flotunning

lundi 10 décembre 2007

Anne-Lorraine

Anne-Lorraine SCHMITT
Requiescat in pace
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Qu’il me soit permis tout d’abord de m’unir par la prière à la famille d’Anne-Lorraine. Que nos humbles et petites prières soient autant de perles lumineuses afin de réconforter une famille dans l’affliction.

Anne-Lorraine avait 23 ans. Elle était fille de colonel, ancienne élève de l’école de la Légion d’honneur. Catholique pratiquante, elle se rendait en ce dimanche matin à la messe. Que sa route ait croisé celle de Deve-Oglou, son assassin, condamné en 1996 pour viol commis dans une rame de cette même ligne du RER, que cet individu ait été libéré sans que la justice, apparemment, ne s’inquiète d’une possible et même certaine récidive, cela n’a aucunement ému les politiques si prompts à condamner les agressions sauf lorsqu’elles sont commises sur des Français de souche. Alors une catho, fille d’officier de l’Armée de Terre, fut-elle sauvagement frappée de 34 coups de couteau, pensez donc, c’est sans intérêt pour nos médias.

Or, il se trouve que ce même jour deux jeunes adolescents issus de l'immigration trouvent la mort tragiquement dans une collision avec une voiture de police à Villiers-le-Bel. Indépendamment des émeutes violentes que cet accident suscita dans le quartier, la presse se répandit en articles larmoyants sur ces adolescents. Ivan Rioufol dans son billet du Figaro, daté du vendredi 30 novembre, souligne à juste titre que ces deux jeunes gens circulaient sur une moto non homologuée, donc non destinée à la circulation, à vitesse excessive et sans casque. Nous connaissons suffisamment le comportement de ces jeunes circulant à moto dans nos villes pour savoir qu'ils prennent souvent des risques considérables. La mort de deux jeunes adolescents est toujours tragique. Toutefois elle ne peut être en aucun cas mise sur le même plan que l'assassinat sordide d'Anne-Lorraine. Dans le premier cas, nous avons affaire à des jeunes dont le comportement est un comportement délictuel à risque et qu'on a laissés faire avec le plus grand laxisme jusqu'à ce que l'irréparable se produise. Et pourtant on nous parle sans cesse de ces associations ou de ces « grands frères » qui font, paraît-il, un travail remarquable dans les quartiers. En l'occurrence, si vraiment un travail de fond avait été entrepris, nous n'aurions probablement pas aujourd'hui à déplorer cette double mort accidentelle. Quand on ajoute à ces carences, l’attitude de la police, au demeurant compréhensible dans le climat délétère de la France actuelle, qui, la plupart du temps, ferme les yeux sur ce genre de délinquance routière peu sanctionnée. la moindre tentative d'interpellation risque à tout instant de se transformer en catastrophe imputable, cela va de soi, aux policiers qui prennent en chasse de pauvres petits jeunes irréprochables. Qu’on se rappelle les faits à l’origine de l’explosion des banlieues en novembre 2005.

Anne-Lorraine, quant à elle, ne demandait rien. Elle se rendait tranquillement à la messe dominicale en empruntant le RER. Seul point commun avec l'affaire de Villiers-le-Bel, elle a été victime du laxisme généralisé qui oublie de sanctionner les comportements délinquants ou remet en liberté des individus à haut risque de récidive. Il y a quelques mois de cela, un psychiatre de renommée déclarait sur Europe 1 qu'on ne pouvait jamais affirmer formellement qu'un malade sexuel était définitivement guéri.

Récemment, dans son émission « Faites entrer l'accusé », Christophe Hondelatte posait la question au procureur de la république de Troyes de savoir pourquoi les frères Jourdain dont le passé judiciaire était lourd avaient été libérés sans la moindre précaution. Or il se trouve que cette affaire des frères Jourdain me tient particulièrement à coeur. Pour ceux qui ne se souviendraient pas des faits, je rappelle que les deux frères prirent à bord de leur camionnette un soir de février 1997 quatre jeunes filles qui rentraient d'un bal de carnaval près de Boulogne-sur-Mer. Elles furent sauvagement violentées et assassinés. Les corps furent retrouvés dans un blockhaus sur le littoral, quelque part entre Boulogne-sur-Mer et le Touquet.


Ayant moi-même servi dans ma carrière de gendarmerie dans le Nord-Pas-de-Calais, je fus amené à diriger une enquête judiciaire dans le cadre d'un viol commis par Jean-Louis Jourdain. J'avais, à l'issue de l'enquête de crime flagrant procédé à une double qualification, la tentative d'assassinat ainsi que la tentative de viol. Les magistrats ignorèrent la tentative d'assassinat pour des questions d'opportunité complexes. Quand l’affaire arriva devant la cour d’assises de Saint-Omer, je fus cité en tant que directeur d’enquête par le ministère publique. Je fis ma déposition et la présidente de la cour attentive à mes déclarations et qui avait sous ses yeux mon procès-verbal de synthèse, nota bien que j'avais qualifié la tentative d'assassinat à partir d'éléments précis recueillis par les enquêteurs.

Jean-Louis Jourdain fut condamné à 10 ans de réclusion criminelle, le maximum pour le crime qu’il avait commis, à savoir un viol. L'avocat général qui était alors substitut du procureur de la république auprès du tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer était aux anges. Son réquisitoire avait porté. Jourdain avait écopé du maximum. Pour ma part, je ne partageais pas, de loin s'en faut, son enthousiasme. Jourdain avait déjà accompli deux années de détention préventive, ce qui signifiait qu'avec le jeu des remises de peine systématiques, il serait assez rapidement remis en liberté. Personnage extrêmement fruste, Jean-Louis Jourdain ne pouvait que récidiver. J'en avais la certitude. J’eus l'occasion de l'exprimer publiquement mais que pouvais-je bien faire d'autre ? Je me souviens, du soir du jugement, où rentrant à la maison, je dis, désabusé, à mon épouse que le plus terrible pour moi était de savoir que tôt ou tard il y aurait une nouvelle victime. Il m’était insupportable de penser que quelque part vivait une jeune femme dont la mort était en quelque sorte déjà programmée par la faute d’une société devenue incapable de protéger ses membres. Hélas, j'étais loin de la vérité ; ce ne fut pas une mais quatre victimes qu'il fallut déplorer.

C'est donc à l’occasion de l'évocation de ce quadruple meurtre que Christophe Hondelatte questionna l'ancien substitut devenu depuis procureur de la république à Troyes. Avec bon sens le journaliste lui demanda comment se faisait-il que la justice ait pu relâcher deux individus aussi dangereux. La réponse du procureur fut sidérante. Il déclara qu'à l'époque, comme si les faits remontaient au temps de Mathusalem, on ne pensait pas que des individus ayant purgé une longue peine de détention pouvaient récidiver. Réponse de circonstance,probablement, manière de dégager en touche afin de ne pas devoir s'expliquer sur les responsabilités de la justice et son fonctionnement calamiteux, plus sûrement. Mais je crois, cependant, que la justification donnée par ce magistrat correspond bien à son sentiment profond, révélateur du décalage entre une justice qui se fonde sur une idéologie bien teintée de rousseauisme béat et la réalité d’une criminalité sans cesse croissante, même si pour des raisons politiques et, là encore idéologiques, on jette un voile pudique sur les chiffres quand on ne triture pas les données statistiques pour leur faire dire le contraire de ce qu’elles signifient.

Très récemment encore, dans un corrigé officiel de devoir dont le sujet était précisément consacré à la violence des banlieues, je ne fus guère surpris de constater que dans le document remis aux élèves (candidats adultes à des concours administratifs internes) pas une seule fois le terme immigration n’y figurait. Sur les 10 pages du document, on évoque une multitude de causes, le chômage, le repli sur soi, la politique architecturale, la politique des transports, les effets nocifs de la télévision, les difficultés familiales et bien d’autres facteurs encore. Le rédacteur de ce beau document n’a pas eu le courage intellectuel d’évoquer ouvertement la question de l’immigration telle qu’elle est pratiquée en France. Les causes que je viens de citer ne sont pour la plupart d’entre elles que les causes secondes de l’immigration, d’une part et surtout de la crise morale profonde d’un peuple qui ne croit plus en lui-même.

Et si d’aventure, d’aucuns manifestent le moindre soupçon de fierté française, très vite nos « élites » les rappellent à l’ordre en les taxant de racistes et de xénophobes, ce qui les disqualifie ipso facto, excommunication des temps modernes.

L’esprit de 1940 que je fustigeais ici même dans un article antérieur est plus florissant que jamais, semant au passage son lot de victimes, de larmes et de souffrances.

Nous ne pouvons que prier pour que d'autres Peggy, Audrey, Isabelle, Amélie, Anne-Lorraine, Jeanne-Marie et bien d'autres victimes encore ne viennent alourdir ce martyrologe qui ne doit rien au hasard mais résulte de la faute de chacune ou chacun d'entre nous, à commencer par celui du choix de politique que nous formulons ou nous ne voulons pas formuler au moment de glisser le bulletin dans l' urne.

Sub tuum praesidium confugimus, Sancta Dei Genitrix. Nostras deprecationes ne despicias in necessitatibus sed a periculis cunctis libera nos semper, Virgo gloriosa et benedicta.

Sous votre protection nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu, Ne rejetez pas nos prières, nous qui sommes dans le besoin, mais libérez-nous toujours de tous les périls, Vierge glorieuse et bénie.

samedi 1 décembre 2007

Loi divine, loi humaine

Dans un livre déjà ancien, il fut publié en 1989, Paul Sérant, dans un livre intitulé « les grands déchirements des catholiques français - 1870 - 1988", retrace la vie du catholicisme français au cours de cette période et, comme le titre l'indique, nous montre de façon très précise et bien documentée le combat entre tradition et modernité. Du Ralliement prôné par le pape Léon XIII, toute l'histoire du catholicisme français se résume à un combat violent entre ces deux courants. Le sacre des évêques par Mgr Lefebvre en 1988 ne constitue en aucun cas un accident de parcours mais s'inscrit de façon dramatique dans la logique d'une lutte fratricide qui ne pouvait que mal se terminer.



Le pape Léon XIII. Son pontificat dura de 1878 à 1903



Les médias viscéralement anti-catholique se sont délectés de cet événement, trop heureux qu'ils étaient d’assister au déchirement interne de l’Eglise catholique.

Rome réussit ce remarquable tour de force qui consista à excommunier un évêque pleinement catholique qui tout au long de ses longues années de sacerdoce n’eut de cesse que de demeurer fidèle à sa devise « Tradidi et quod accepi », j’ai transmis ce que j’ai reçu.

Au cours de cette même décennie, Monseigneur Gaillot, dont les excès finirent par indisposer l’épiscopat français, c’est dire ! fut simplement relevé de sa charge épiscopale.

Deux poids, deux mesures qui traduisaient alors l’ambiguïté de la politique du Vatican. Depuis, l’avènement du pape Benoît XVI tend à redonner à la tradition sa véritable place au sein de l’Eglise, place qu’elle n’aurait jamais dû perdre si une fraction des pères conciliaires ne s’était pas livrée à un véritable détournement du concile dans un esprit révolutionnaire. Le vent des Etats Généraux de 1789 soufflait dans les travées de Saint Pierre de Rome !



Monseigneur Marcel Lefebvre 1905 - 1991

Depuis, « l’Eglise qui est en France » - il y aurait matière à dire sur cette expression adoptée par l’épiscopat qui est en France, nous y reviendrons ultérieurement- s’est toujours distinguée par ses positions nettement modernistes et par sa persécution de la Tradition. En revanche, ce même épiscopat, Monseigneur de Berranger en tête, si prompt à faire une repentance aussi stupide que non fondée historiquement, ne semble guère avoir d’états d’âme sur les graves dérives que connaît notre société. Quel soutien l’admirable Docteur Dor a-t-il reçu de nos évêques dans le pacifique et courageux combat qu’il a entrepris contre l’avortement ? Rares sont les évêques que l’on a entendu pour s’opposer aux lois contraires à l’ordre naturel des choses.

Devenue « experte en humanité », sa voix se perd parmi toutes celles des experts en humanité de tout genre, et Dieu sait s’ils sont légions ! Comme si la mission de l’Eglise était d’être experte en humanité !

Alors, sous le regard d’un épiscopat serve, acceptant sans broncher que l’on piétine la loi divine, les lois le plus invraisemblables ont été votées par nos parlementaires dont la seule préoccupation est de plaire au plus grand nombre afin de conserver leur siège au Palais Bourbon, nécessité alimentaire et privilèges avantageux obligent.

En relisant le livre que j’évoque ci-dessus, j’ai été frappé par le récit du procès du père Salomon Nathan. Ce moine bénédictin de la communauté de la Source eut à subir les foudres de l’épuration qui suivit la Libération de la France en 1944. Comme son nom le laisse supposer ce moine bénédictin est d’origine juive. Comme beaucoup de congrégations religieuses, au péril de la vie de leurs membres, face à un occupant implacable, l’abbaye de la Source avait hébergé pendant l’Occupation des Français recherchés par les autorités allemandes.

Arrive l’épuration de1944. On ne dira pas assez ce que fut cette période qui ne grandit pas la France et les Français. Après la veulerie qui conduisit à la débâcle magistrale de juin 1940, voici que notre peuple se comporte en bravache. Comme il est facile de s’en prendre aux êtres vulnérables ! C’est moins risqué que de combattre l’occupant les armes à la main. Ces êtres vulnérables, collaborateurs réels ou supposés, coupables ou innocents, furent la proie de la vindicte populacière sous le regard impassible des autorités françaises. Entre les femmes tondues, coupables d’avoir entretenu une relation sentimentale avec un soldat allemand, les commerçants accusés pour avoir vendu leur marchandise à l’occupant, jusqu’à Sacha Guitry, incarcéré pour avoir continué à exercer son talent artistique dans Paris occupé, l’histoire nous rapporte une multitude de faits avérés dont beaucoup font vomir par l’atrocité et la barbarie des « résistants » de la dernière heure. On évalue généralement à 40 000 le nombre des victimes de l’épuration mais il règne une grande incertitude sur la réalité des chiffres, tant le débat reste passionnel.

C’est donc dans ce climat haineux que la communauté bénédictine de Paris sera dénoncée en…1947, soit trois ans après la Libération ! La haine était manifestement tenace en ces temps-là. Que reprochait-on au père Salomon Nathan et ses confrères ? Tout simplement d’avoir hébergé des Français menacés par l’épuration. Traduit devant le tribunal correctionnel, le père Nathan est interrogé par le président. L’accusé ne nie aucunement les faits et s’en explique. De même que sa conscience de chrétien l’avait tenu de mettre à l’abri ceux qui étaient recherchés par les Allemands, de même cette même conscience le mettait dans le devoir de venir en aide à des personnes fussent-elles coupables de collaboration.

Faites le bien à vos ennemis, m’a appris l’Eglise. J’ignore ce qu’est la vengeance et je ne connais que le pardon, déclare l’accusé. Ces mots ne sont pas dans la bouche du père Nathan des propos de circonstance. Ils ont une valeur profonde. Six personnes de sa famille ont été massacrées par les nazis en raison de leur origine juive. Le sens du pardon n’est donc pas chez le moine bénédictin un vague devoir moral mais il s’applique douloureusement mais héroïquement, comme pour tous ceux qui ont décidé de marcher derrière le Christ.

Cela le juge le sait mais le magistrat n’en a cure. Il reproche même au père Nathan de manquer de cœur à l’égard de sa famille. Il faut croire que ce magistrat s’est érigé en directeur de conscience lorsqu’il questionne le religieux, lui demandant si en hébergeant des personnes recherchées, il ne s’était placé au dessus des lois et par là même n’avait pas commis le péché d’orgueil ! Le père Nathan ne se laisse pas démonter pour autant. Il réplique : « Non, j’ai estimé que la charité chrétienne et même la morale courante me faisait un devoir de protéger momentanément des hommes égarés ».

Manifestement, la réponse ne convainc pas le magistrat qui, enfermé dans sa logique épurative se donne bonne conscience : « c’est bien ce que je vous disais, vous vous êtes placé au-dessus des lois.

L’accusé s’explique néanmoins ; s’il a recueilli des personnes victimes de la Libération, c’est justement parce qu’il avait fait de même pour les victimes du nazisme. Dans les deux cas, il avait cherché à protéger des hommes en danger. Il ajoute même que les faits lui donnent raison (nous sommes, je le rappelle, en 1947). Le père précise que les tribunaux ont évolué et ne jugent plus avec la même sévérité qu’en 1945 les faits de collaboration.

Le père Nathan n’en sera pas moins condamné à un an de prison.