jeudi 27 septembre 2007

Sainte Thérèse de Lisieux


Il y aurait tant et tant à écrire sur sainte Thérèse de Lisieux qu’une vie n’y suffirait pas. Et pourtant sa propre existence fut une étoile filante dans le ciel du Carmel. Née en 1873, elle entre au carmel de Lisieux en 1888, à 15 ans, après avoir obtenu une dispense en raison de son jeune âge. Mais que d’obstacles lui a t-il fallu franchir pour enfin réaliser son vœu le plus cher ! Et tout cela pour mourir le 30 septembre 1897, neuf ans à peine après son entrée au Carmel!

A vue humaine, Thérèse est une jeune religieuse cloîtrée avec ses qualités, ses faiblesses, ses doutes, morte prématurément, comme beaucoup à cette époque, de la tuberculose. Rien vraiment qui puisse exciter les esprits de prime abord. Or, chaque année l’Eglise fête la petite sainte le 3 octobre comme une des plus grandes saintes des temps modernes.


Le temps du noviciat


En entrant au monastère Thérèse Martin mourait au monde pour n’être plus que Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, enfouie dans le petit carmel de Lisieux. Elle y demeurera une inconnue jusqu'à sa mort. Il n’y avait, d’ailleurs, aucune raison qu’il en soit autrement. Son choix de vie la retranchait du monde des vivants afin qu'elle se consacrât exclusivement à l’adoration de Dieu et à la contemplation de sa divine Majesté, tel est le choix de toute carmélite. Et pourtant l’Eglise nous demande de vénérer en elle :

- La sainte canonisée en 1925 par le pape Pie XI,
- La sainte patronne universelle des missions,
- La sainte proclamée patronne secondaire de la France en 1944 par le pape Pie XII,
- La sainte, proclamée Docteur de l’Eglise en 1997, un siècle après sa mort, par le pape Jean Paul II.

En 1929 commence la construction de la basilique de Lisieux qui sera achevée en 1937.
Excusez du peu, comme on a coutume de dire!

Comment donc celle qui mourut quasiment dans l’anonymat et qui ne déplaça, hormis sa communauté monastique, que quelques rares personnes pour ses funérailles, a-t-elle pu acquérir cette dimension exceptionnelle dans l’Eglise et susciter une vénération stupéfiante dans le monde entier ?

Cela reste difficilement compréhensible, car son rayonnement spirituel n’aurait jamais dû franchir les murs du carmel de Lisieux si on se place dans une bonne logique humaine. Oui, mais voilà, nous ne sommes plus ici dans le domaine du rationnel, au sens naturaliste du terme, mais bien dans le domaine de la foi qui, certes, s’appuie sur la raison mais sait aussi soulever les montagnes. Il y a manifestement l’action de la Providence qui a agi pour que cette petite vie cachée, que cette petite voie, comme l’appelait elle-même Thérèse, mais tellement grande de l’Amour de Jésus, de foi et d’espérance, soit un éclatant témoignage de ses vertus aux yeux de l’Eglise et du monde.

Les esprits rationalistes ne comprendront jamais un tel prodige ou suspecteront je ne sais quelle supercherie, mais rien n’y fera, la petite Thérèse aura bel et bien grandi après sa mort au point d’être proclamée Docteur de l’Eglise un siècle après sa disparition.

Pourtant, de son vivant rien ne lui aura été épargné, pas même la nuit de la foi, cette terrible épreuve du doute que les grands saints ont souvent (toujours ?) rencontrée. On peut observer, en passant, la bêtise des médias qui ont découvert il y a peu la longue correspondance de Mère Térésa dans laquelle elle exprime toute sa souffrance face à la nuit de sa propre foi. Il faut toute l’ignorance crasse d’une presse qui se délecte et croit nous surprendre en nous montrant les tourments de la religieuse, comme si elle était la seule à avoir vécu les affres de la déréliction. Le Christ n’a-t-il pas lui-même crié sa détresse et son doute terrifiant sur la Croix : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? »



La vie au Carmel est faite d'exigences quotidiennes, de tâches obscures, que Thérèse prit à coeur d'accomplir par amour pour le Christ.

Mais revenons à notre chère petite Thérèse. Comment mieux cerner l’âme bouillonnante de la sainte qu’en lisant ces lignes extraites des écrits qu’elle a laissés (1):

« Être ton épouse, ô Jésus, être carmélite, être par mon union avec toi la mère des âmes, cela devrait me suffire… Il n’en est pas ainsi… Sans doute, ces trois privilèges sont bien ma vocation, Carmélite, Épouse et Mère, cependant je sens en moi d’autres vocations, je me sens la vocation de GUERRIER, de PRÊTRE, d’APÔTRE, de DOCTEUR, de MARTYR … Ah ! Malgré ma petitesse, je voudrais éclairer les âmes comme les Prophètes, les Docteurs, j’ai la vocation d’être Apôtre. Je voudrais être missionnaire non seulement pendant quelques années, mais je voudrais l’avoir été depuis la création du monde et l’être jusqu’à la consommation des siècles… Ma vocation c’est l’Amour !… Oui j’ai trouvé ma place dans l’Eglise et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée… Dans le Cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’AMOUR…»


Il y a dans ces mots l’audace et l’impertinence de la jeunesse mais quelle audace ! Thérèse irradie d’Amour brûlant pour le Christ, prête à le servir sous toutes les formes. Rien ne l’arrête, pas même le risque de passer pour une prétentieuse, tellement est grande la soif d’embrasser le monde par Amour de Dieu. C’est ce grand message d’Amour que l’Eglise veut nous faire partager.



Thérèse a vécu la vie carmélitaine dans toute son austérité


Mais, objectera-t-on, à vouloir être tout à la fois guerrier, prêtre, apôtre, docteur et martyr, Thérèse ne témoigne-t-elle pas d’un certain péché d'orgueil, d’une haute idée d’elle-même, d’un appétit démesuré en présumant peut-être de ses propres forces. L’Eglise, mère de sagesse, Mater et Magistra, nous répond clairement. Sœur Thérèse est avant tout une humble carmélite. Il faut connaître la vie au Carmel pour savoir ce que cela signifie; humilité, obéissance, renoncements, privations, mortifications, vexations parfois. Tel est le lot de la vie quotidienne de toute carmélite. Thérèse, pas plus que ses sœurs n’y échappe. C’est au prix de l’abaissement qui consiste à se baisser jusqu'à toucher la terre, l'humus (d'où humilité), que la jeune religieuse peut proclamer ses multiples vocations. C’est ce qu’on a appelé le paradoxe du Magnificat (2).

Quia respexit humilitatem ancillae suae : ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes.

Parce qu’il a regardé la bassesse de sa servante toutes les générations m’appelleront désormais bienheureuse.

En entrant au Carmel la petite Thérèse avait prononcé son fiat, répondant ainsi à l’appel du Seigneur, sans la moindre réserve.

Ecce ancilla Domini. Fiat mihi secundum Verbum Tuum.

Me voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon Votre Parole!

Elle pouvait bien, dès lors, se proclamer bienheureuse !

Notre monde occidental, aujourd’hui refuse l’engagement de soi. On ne se marie plus car c’est se lier pour la vie, même par un mariage civil, un contrat pourtant révocable à tout moment comme l’a voulu le législateur. Ce serait tellement aliénant! Rares sont les vocations sacerdotales ou religieuses car le don total de soi est demandé. Prononcer des voeux solennels, vous n'y pensez pas! Et MA liberté? Thérèse ne fait pas les choses à moitié. Sa vie est un don total à Dieu, à ses prêtres, à ses sœurs, à tous les hommes de la terre. Ce don elle le résume dans cette célèbre phrase, courte mais qui contient tant de promesses :

"Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre!"

Mais plus que tout restera, la déclaration d'amour de Thérèse, si magnifiquement professée:

"Dans le Cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’AMOUR"

Sa double profession, l'une pour la vie terrestre, l'autre pour l'éternité.


Notes :

(1) Histoire d’une âme, Editions du Cerf et Desclées de Brouwer 1995.

(2) Voir Spiritualité de Sainte Thérèse de l’enfant Jésus, revue « Marchons droit »,n° 97, année 1997, la doctrine et la pratique de la consécration à l’amour miséricordieux par M. l’abbé Marcille de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X.

Voir la vidéo sur Sainte Thérèse de Lisieux :

http://www.thereseoflisieux.org/st-therese-on-the-web-in-the-f/

mercredi 26 septembre 2007

Les amalgames trompeurs


Royauté ou démocratie ?

Monarchie ou république ?

Faut-il opposer ces types de régimes de la sorte ou faut-il opérer un croisement des mots qui nous donnerait royauté contre république et monarchie contre démocratie ?

Force est de reconnaître que l’homme de la rue, peu soucieux de précision sémantique, s’y perd très vite. Mais il est vrai qu’il ne pense pas à se poser la question puisqu’on lui a toujours rabâché que la monarchie de l’Ancien Régime était obscurantiste, oppressive tandis que la démocratie lui a apporté la liberté avec les droits de l’homme.

Pour répondre à cette double interrogation, nous nous livrerons à une étude en plusieurs parties. Mais on ne peut répondre sans se tromper que si l’on a bien compris le sens de la question. Or quelle perception ont les Français de la monarchie, à part les reportages affligeants de mièvrerie sur la famille royale britannique et ses frasques à répétition ?

La première partie est consacrée à la perspective faussée que nous avons de l’ancien Régime.

Nous avons vu que la trilogie républicaine se fondait sur trois concepts, liberté, égalité, fraternité, éminemment louables en eux-mêmes, à condition de les prendre dans leur acception chrétienne, et non dans le sens donné par l’idéologie révolutionnaire qui prévaut toujours aujourd’hui, laquelle les a vidés de leur sens traditionnel pour les reprendre à son compte en évacuant au passage l’idée même de Dieu.

Il y donc une duplicité des termes qui trompent les esprits.

De même nous avons montré que la république, la nôtre, joue en permanence sur des mythes. Nous en avions retenu trois : le pouvoir du peuple, la séparation des pouvoirs et la volonté générale en tant que source de la loi.

Comment sommes-nous arrivés maintenant à ignorer notre passé historique, voire le mépriser, sans lequel nous ne serions pas ce que nous sommes ? C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre.

Le matraquage des esprits

En premier lieu, force est de constater que nos esprits sont conditionnés dès l’enfance. Nous avons vu précédemment que la république a cherché avec acharnement à éradiquer toute culture chrétienne. L’école de Jules Ferry n’avait pas d’autre objectif que celui-ci. Non seulement, elle enlevait à l’Eglise le droit d’enseigner mais en plus elle faisait passer SON histoire de France. Or pour faire avaler les énormités que l’on entend désormais, il fallait que le véritable esprit critique soit anesthésié. Pour y parvenir, les idéologues procèdent par amalgames et confusion, le tout sur un fond de matraquage permanent des esprits.

L’amalgame porte sur les rapprochements entre monarchie et un certain nombre d’idées convenues.

Dès les premières années de notre vie scolaire, l’enseignement officiel nous apprend que la royauté était un régime injuste et oppressif.

Mais avant d’aller plus loin, une précision en forme de parenthèse s’avère indispensable. Il est bien évident que la monarchie française a souffert de faiblesses de différentes natures selon les époques (n’oublions pas que lorsque nous parlons de la monarchie en général, nous englobons huit siècles de notre histoire sans discernement. Le règne de Philippe Auguste n’a rien à voir avec celui de Louis XI, et ce dernier pas davantage avec le règne de François Ier. La France de 1680 n’a plus grand-chose de commun avec celle de 1780). Donc lorsque nous parlons de monarchie de quelle monarchie s’agit-il ? Faut-il faire référence au règne de Louis XVI, le dernier des souverains « absolus » qui, précisément, fut un roi attentif, loin d’être un despote ou un tyran comme le laissait si bien entendre la propagande de l’époque.

Ceci étant, nous ne répéterons jamais assez qu’un régime politique ne vaut que par ce que valent les hommes qui le servent. Ainsi saint Thomas d’Aquin reconnaît la république comme une des formes pures de gouvernement au même titre que la monarchie, mais il affirme que si la monarchie dans sa forme corrompue donne la tyrannie, la république débouche sur la démocratie. Etonnant, non, à plus de sept siècles de notre si « chère démocratie » ?

Refermons cette parenthèse qui était indispensable pour éviter tout contresens sur ce qui est écrit ici.


Amalgame 1 : Royauté et pauvreté
S’agissant de la monarchie, nous nous l’avons remarqué plus haut, la république dans son enseignement associe monarchie avec malheur du peuple, privilèges de la noblesse et du clergé exploitant le petit peuple.

Ainsi, le manuel d’histoire du cours élémentaire des années 50 (Fernand Nathan, édition de 1955) termine chaque leçon par un résumé intitulé « Apprenons ». A propos de Louis XIV, il nous apprend précisément ceci :

« 1 - Louis XIV est appelé le grand Roi ou le Roi Soleil. Les courtisans l’adorent comme un dieu.
2 – Mais le peuple est malheureux.»


Louis XIV ou la magnificence royale

Le résumé est articulé en deux affirmations. La première fait ressortir la grandeur du monarque, grandeur quasi divine. Soit ! Il y aurait à dire beaucoup sur ce point mais là n’est pas le sujet. Puis arrive brutalement la seconde affirmation : « Le peuple est malheureux ». Rien dans le texte de la leçon n’explique en quoi le peuple était malheureux. Mieux, il n’est aucunement fait état du malheur des Français. Il y a un décalage entre les deux affirmations avec un effet recherché qu’introduit la conjonction « mais ». Elle ne signifie pas habituellement « par conséquent » qui laisserait supposer un lien de causalité entre la magnificence royale et la misère du peuple. Mais ici, la juxtaposition brutale des deux propositions lui donne quasiment ce sens particulier. De plus la formulation des phrases accentue le choc au point de provoquer chez l’élève un sentiment de violente indignation à l’évocation de ce roi divinisé qui règne sur un peuple miséreux.

Vendeurs ambulants au XVIIème siècle. La pauvreté est réelle dans la paysannerie. Le fossé entre Versailles et le monde rural est vertigineux. Cela ne doit pas conduire à des amalgames que l'on peut tout aussi bien faire aujourd'hui.


Ce qui est remarquable dans la deuxième proposition tient en outre à la brièveté de la phrase : « Mais le peuple est malheureux. ». Tout est dit en cinq mots, sans nuance, sans la moindre précision. C’est un postulat au sens mathématique, c'est-à-dire une vérité qui ne se démontre pas, donc qui ne se discute pas.

Qu’entend-on par le peuple ? Mystère ! Est-ce la classe paysanne qui constitue l’immense majorité des sujets du roi ? On ne le sait pas davantage. La grande et la petite bourgeoisie, sont-ils inclus dans ce constat ? On peut le supposer puisque l’affirmation ne fait pas dans la nuance. Quid des commerçants et artisans ? On ne sait pas. Loin d’être la classe la plus malheureuse dans la société de l’époque, la bourgeoisie sera un siècle plus tard à l’origine de la révolution et non les paysans, loin s’en faut.

Il ne s’agit pas de dire que sous l’Ancien Régime tout était parfait mais la république nous offre, mutatis mutandis, les mêmes travers. Lorsque l’ancien chef de l’état, Jacques Chirac, s’offrait des vacances à l’Ile Maurice dans un hôtel de luxe avec une suite à 20 000 francs la nuit, tandis qu’il reconnaissait l’existence de la fracture sociale avec ses laissés pour compte, quand Nicolas Sarkozy se fait offrir des vacances aux Etats-Unis ou un court séjour en yacht, là où beaucoup de Français épargnent laborieusement pour s’offrir de vacances en mobile home, n’y a t-il pas un décalage tout aussi choquant que celui observé sous Louis XIV. Hélas, le monde est ainsi fait. La répartition des richesses n’existe pas plus aujourd’hui que sous Louis XIV. Chômage, précarité, emploi, sécurité, avenir de la jeunesse sont des sujets récurrents de crainte chez beaucoup. Je ne pense pas que l’immense majorité des Français sous la Vème république baigne dans un sentiment de bonheur béat, mais ni plus ni moins que leurs ancêtres du XVIIème siècle.


Amalgame 2 : royauté et moeurs
Autre amalgame parmi les plus fréquents, on a l’habitude de coller sur le dos de la monarchie les pratiques de jadis, comme si la monarchie étant intrinsèquement perverse, ne pouvait produire que de la violence, de l’injustice, de l’inégalité.

Limitons nous à la justice royale. Elle pratiquait la question, autrement dit la torture légalisée. Les exécutions capitales étaient violentes (supplice de roue, bûcher, décapitation à la hache), le summum étant atteint avec le supplice réservé aux régicides. Je vous renvoie sur les nombreux récits de l’exécution de Damiens qui tenta de poignarder Louis XV en janvier 1757. Le caractère atroce du supplice attira néanmoins un grand monde dont beaucoup de femmes qui supportèrent étonnamment bien un spectacle particulièrement horrible qui dura plusieurs heures.

Néanmoins, déjà des esprits déjà s’élèvent contre de telles pratiques qui répugnent. Louis XVI abolira la question définitivement.


Le supplice de Ravaillac, assassin du roi Henri IV. Damiens fut exécuté en 1757 dans les mêmes conditions.

Tous les états en Europe pratiquaient la torture, la peine de mort était banalisée. La France était dans ce domaine plutôt en modérée, si l’on peut dire, même si les usages de l’époque nous paraissent barbares aujourd’hui. Gardons-nous de juger le passé avec nos modes de pensée modernes !




Autre forme de question, le supplice de l'eau. La gravure montre avec la présence d'un greffier ou magistrat le pointillisme juridique dans l'application de la torture.


Comment mieux l’illustrer si ce n’est qu’en évoquant un épisode dramatique de notre histoire, la mort du roi Henri III en 1589. Les circonstances sont pour le moins étonnantes. Georges Bordonove en fait le récit dans son livre consacré à Henri IV, relatant comment Jacques Clément, l’assassin, qui demandait audience fut introduit auprès du roi. Il apporte cette précision anecdotique surprenante :

« Le lendemain, 1er août vers 8 heures du matin, La Guesle l’ [Jacques Clément] amena donc chez le roi. Ce dernier était sur sa chaise percée, une robe de chambre jetée sur les épaules. C’était la coutume bizarre du temps que de donner audience en cet appareil, et nul ne s’en choquait ! »

Imaginons un instant l’actuel président de la république, en audience au palais de l’Elysée, recevant, assis dans les toilettes un quelconque visiteur !!! Cette scène grotesque est de nos jours impensable. En 1589, elle n’avait rien de choquante car la société n’avait pas le même sens de l’intimité et de la pudeur quaujourd’hui. Nous sommes dans ce domaine dans deux mondes totalement différents. Ceci montre à quel point la pratique répétée des repentances sur notre passé est ridicule.


Application de la question en Angleterre. La question fut définitivement abolie sous Louis XVI. La technique la plus fréquemment employée fut celle des brodequins qui faisaient éclater les os des membres inférieurs comprimés entre des planches de bois.

Les pratiques judiciaires des républiques de Venise et de Gênes n’étaient pas plus avancées que celles des monarchies. Lisez une histoire de la Corse pour savoir comment les Génois ont gouverné l’Ile de beauté. La période qui correspond à leur présence est qualifiée de « siècle de fer ».

N’oublions pas que le Christ lui-même dans son ministère fait référence à la dureté des mœurs. Aux Pharisiens qui lui faisaient observer que la loi de Moïse autorisait les hommes à répudier leur femme, Jésus leur répond ceci :

« C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de quitter vos femmes ; mais cela n’a pas été ainsi dès le commencement. »

Si le Christ vient adoucir la loi et affirmer l’égale dignité de la femme par rapport à l’homme, il ne reconnaît pas moins la nécessité d’une dureté des lois en raison de la dureté des mœurs et des cœurs. Mais Jésus nous montre que ces mêmes lois sont appelées à être modifiées dans le temps avec l’évolution des mentalités sans oublier toutefois que cette évolution doit se faire dans le respect de la loi divine.

Dans le prochain article nous traiterons deux autres amalgames mensongers qui ont la vie dure : l’absolutisme royal et l’éducation nationale œuvre de la république.

lundi 24 septembre 2007

La trilogie républicaine (III)

Liberté, égalité, fraternité :


La fraternité

Troisième et dernier volet de la trilogie républicaine, la fraternité est certainement la plus difficile à se laisser dévoiler dans son acception laïciste et républicaine.

En effet, quelle femme, quel homme oserait mettre en cause ce principe ? Il est évident qu’il constitue le ciment de l’humanité, de toute société humaine sans lequel il n’y aurait point de vie organisée possible.

Antoine Furetière dans son dictionnaire de la fin du XVIIème siècle définit la fraternité comme l’intelligence, l’union entre deux frères, deux amis, deux compagnies.

Le dictionnaire Quillet (édition de 1963) fait également référence au lien de parenté entre frères et soeurs.

Le terme même de frère est riche de signification. Sont frères les enfants issus d’un même père, et du sein d’une même mère. Il évoque donc un lien charnel, naturel, indéfectible. Nous sommes frères et sœurs pour toujours, même si, comme cela arrive trop souvent dans les familles, les liens se distendent en raison d’obscures querelles.

La fraternité est donc une valeur précieuse qu’il convient à tout prix d’inculquer et de développer chez nos enfants car elle fonde une solidarité sans faille, une aide et assistance mutuelles et peut même atteindre l’héroïcité des vertus par le don total de soi.

Cette fraternité nous la connaissons dans l’Eglise catholique. Elle porte un nom : la charité ou l'Amour du prochain. Ainsi, Mère Térésa et ses sœurs témoignèrent largement de ce sens de la fraternité et plus loin de nous saint Vincent de Paul. Mais il existe des exemples cachés de fraternité. L’Eglise catholique n’est d’ailleurs pas la seule à se consacrer à cette œuvre de charité, rebaptisée de nos jours œuvre caritative, charité ayant une connotation bien trop catholique. Bien d’autres la pratiquent mais nous verrons quelles sont les limites d’une fraternité hors du Christ.


Saint Vincent de Paul, né en 1581, mort en 1660 et canonisé en 1737. Il fonda notamment la congrégation des Filles de la Charité, ou Soeurs de Saint Vincent de Paul, célèbres pour leur fameuse cornette.





Sainte Catherine Labouré, la plus connue des Filles de la Charité, à qui la Vierge Marie apparut à la chapelle de la rue du Bac à Paris en 1830. Elle fut à l'origine de la Médaille miraculeuse répandue ans le monde à des millions d'exemplaires.

La fraternité républicaine

Quelle fraternité nous propose donc l’idéologie républicaine ? Celle que je viens de décrire ? Avant de répondre à cette question, observons, comme nous l’avons fait pour liberté et égalité, que les principes de liberté et de fraternité s’excluent. En effet, la liberté au sens des droits de l’Homme sans Dieu conduit, a minima, au communautarisme et au pire à l’individualisme forcené.


La fraternité sans Dieu devient un monstre froid dans la république laïque. Les premiers à en faire les frais seront les ouvriers et les entrepreneurs avec la loi d’Isaac Le Chapelier de juin 1791 qui interdit toute corporation professionnelle, notamment le compagnonnage, au nom de la liberté d’entreprendre.

Art. 1 : L'anéantissement de toutes espèces de corporations des citoyens du même état ou profession étant une des bases fondamentales de la constitution française, il est défendu de les rétablir de fait, sous quelque prétexte et quelque forme que ce soit.


Isaac Le Chapelier, avocat de son état, né à Rennes en 1754, fut guillotiné pendant la Terreur en 1794.


Le résultat de cette mesure se traduisit lors de la révolution industrielle par l’apparition d’une masse ouvrière sans défense et sans protection sociale face aux patrons des manufactures, issus de la bourgeoisie voltairienne, dont le seul souci était de réaliser les plus gros profits sur le dos des ouvriers payés avec des salaires dérisoires. Il s’ensuivit une effroyable misère dans ce qui fut le prolétariat qui sera à l’origine de violentes révolutions et qui fit le lit des mouvements révolutionnaires et anarchistes.

Les révoltes des canuts de Lyon en 1831, 1834 et 1848 sont la conséquence de l’extrême paupérisation qui poussera les ouvriers de la Croix-Rousse à l’insurrection.

Il est révélateur d’observer que depuis 1789 la France a vécu une succession rapprochée de troubles majeurs faits d’émeutes, de révolutions de guerres civiles et de guerres tout court :

La grande révolution et la Terreur
Le coup d’état du 18 brumaire
Les guerres napoléoniennes
La révolution de 1830
La révolution de 1848.
Le coup d’état du 2 décembre 1851
La Commune de Paris en 1870.
La lutte contre l’Eglise catholique fin XIXème et début du XXème siècle
La Ière guerre mondiale
Le front populaire
La IIème guerre mondiale
L’effondrement de juin 1940 et la formation de l’Etat de Vichy
L’épuration de 1944 ou une guerre qui en cache une autre
Le putsch l’Alger en 1961
La révolution « culturelle » de mai 1968

En guise de fraternité on peut faire nettement mieux. La république fraternelle, quant à elle, engendre une triple division :

Une division économique

Elle est à l’origine des graves conflits sociaux des XIXème et XXème siècles avec développement du capitalisme sauvage et ses conséquences : anarchisme et communisme. Le libéralisme d’aujourd’hui n’est guère meilleur car son vrai visage est en partie masqué par l’intervention de l’Etat dans le domaine social. D’où la fracture sociale chère à Jacques Chirac, bon thème support de sa campagne présidentielle, mais dont il ne s’est guère occupé par la suite.

Une division sociologique

Elle se concrétise aujourd’hui par le morcellement de la France : morcellement ethnique lié à une immigration encouragée ou acceptée par la majorité de nos politiciens, morcellement sexuel avec la montée du féminisme, version revue et corrigée de la lutte des classes, qui oppose de manière très conflictuelle les hommes aux femmes auquel s’ajoute le combat du « troisième sexe », celui du monde homosexuel revendicatif. Morcellement encore par la montée d’une discrimination anti-française en application du principe de discrimination positive qui est un non - sens sur le plan de la justice sociale et une forme de ségrégation inversée à raison de l’origine ethnique.

Une division politique.

La France ne s’est vraiment jamais remise de 1789 qui a profondément divisé le pays en deux. Cette division reste très vivante quoi qu’on en pense, même si la « droite » s’est ralliée à l’idéologie de gauche surtout pour mettre en œuvre son libéralisme économique. Mais droite et gauche sont deux alliés objectifs pour pouvoir survivre. Elles se nourrissent et vivent de leur opposition. On le voit avec la politique menée par Nicolas Sarkozy qui, en faisant appel à des hommes de gauche, déstabilise un peu plus le parti socialiste.

En fait la fraternité républicaine ou révolutionnaire ne s’entend que comme une union pour reprendre la définition de Furetière, contre les valeurs traditionnelles défendues par l’Eglise. Elle est, d’ailleurs, plus une fraternité de circonstance qu’une réelle solidarité de cœur. Nous en avons pour preuve les pages hautement édifiantes de la Terreur, où après avoir éliminé tous ceux qui gênaient peu ou prou la marche folle de la révolution, les enfants de Voltaire, Rousseau et consorts se livrèrent entre eux à un combat acharné auquel peu survécurent. Heureusement que les « Lumières » étaient passées par là auparavant car on peut se demander ce qu’il serait advenu de notre pays.

Gravure de l'époque intitulée "La véritable guillotine ordinaire Ha le bon soutien pour la liberté. "

Probablement qu'elle fut un bon soutien pour la fraternité dans l'esprit des révolutionnaires.



Une observation tirée du dernier livre de Benoît XVI, Jésus de Nazareth – Joseph Ratzinger Benoît XVI, s’applique, on ne peut mieux, à notre réflexion d’aujourd’hui.

Méditant sur la première tentation de Jésus au désert qui vit le démon inciter le Christ à transformer les pierres en pain, le pape écrit ceci :

« Les aides des pays de l’Occident aux pays en voie de développement, fondées sur des principes purement techniques et matériels qui, non seulement ont laissé Dieu de côté, mais ont encore éloignés les hommes de Dieu par l’orgueil de leur prétendu savoir, ont fait du Tiers Monde le Tiers Monde au sens moderne. De telles aides ont écarté les structures religieuses morales et sociales existantes et ont introduit leur mentalité techniciste dans le vide ainsi créé. Elles croyaient transformer les pierres en pain, mais elles ont donné des pierres à la place du pain. »

Notre république en deux siècles a produit beaucoup de pierres mais peu de pain.

samedi 22 septembre 2007

Louise de France

Je propose une nouvelle rubrique intitulée "Figures de l'Eglise" dans laquelle paraîtront des citations de saints, de bienheureux, de personnages d'Eglise connus ou inconnus ainsi que de courtes biographies. Elles peuvent être sujet de méditations personnelles ou un point de départ pour une recherche spirituelle.




Aujourd'hui nous ouvrons cette nouvelle rubrique avec une figure mal connue en France, et pour cause, car elle était fille de roi, fille de Louis XV!

Madame Louise, Mère Thérèse de saint Augustin au Carmel, a laissé de nombreux écrits. Il s'agit soit de pensées rédigées à Versailles, soit plus tard de conseils, recommandations, maximes à l'attention des novices dont elle avait la charge. Ces écrits furent regroupés après sa mort et publiés sous le titre de Testaments spirituels. Ces textes sont d'une richesse admirable et autant de sujets de méditation personnelle.

"Toutes mes sœurs ont plus sacrifié à Dieu que moi, car elles lui ont fait le sacrifice de leur liberté, au lieu que j’étais esclave à la Cour, et mes chaînes pour être plus brillantes, n’en étaient pas moins des chaînes."


Le choix de Louise de France est l'aboutissement d'un long cheminement spirituel. Sa décision fut irrévocable et son père dut l'accepter douloureusement. Nul doute que dans son choix très lucide pour le Carmel, car Louise était tout sauf une rêveuse ou une femme fuyant le monde par peur, elle fit le sacrifice de sa vie, entre autres, pour le salut de son père dont la vie dissolue n'était un secret pour personne.
Par ailleurs, elle considéra toujours Versailles comme un cage dorée. Elle eut les honneurs, le faste mais il lui manqua pendant ces longues années passées au château et à la cour l'essentiel même de sa vie: se donner entièrement à Dieu.


"Ce que j’ai quitté n’est rien, et ce que j’ai trouvé ici est tout, puisque c’est vous que j’y ai trouvé. Ô mon Dieu, mon tout ! "


LOUISE DE FRANCE (1737-1787)

Mère Thérèse de Saint-Augustin

Entrée au carmel, Thérèse de saint Augustin n'eut de cesse de faire oublier sa haute origine. Elle n'y parvint jamais tout à fait et s'en plaignit. Accepter qu'elle restât aux yeux de beaucoup Madame, c'est à dire la fille du roi de France devait, aussi paradoxal que cela puisse paraître, faire partie de son chemin d'humilité et d'obéissance.

Le Secrétaire d'Etat du Vatican, le Cardinal Bertone

Traduction en français du texte ci-dessous en anglais:


Le Cardinal Tarcisio Bertone qui vient d'accomplir sa première année comme Secrétaire d'état du Vatican le 15 septembre, a déclaré au quotidien italien Avvenire qu'il ne désirait aucunement diriger lui-même l'Eglise mais qu'il cherchait simplement à servir les besoins du pape Benoît XVI.


Dans son entretien à l'Avvenire, publication de la conférence épiscopale italienne, le Cardinal Bertone a été questionné sur les propos selon lesquels le Pape ferait preuve d'une certaine hésitation quand il s'agit de prendre des mesures décisives, même lorsque le Cardinal Bertone semble poussé à le faire. Cette impression n'est absolument pas exacte, a répondu le cardinal italien. Il a poursuivi en disant que le Pape était extrêmement conscient de ses devoirs. "J'essaye d'accomplir mon propre devoir en parfaite communion avec le souverain pontife".


Sur la mise en oeuvre du Motu proprio autorisant un usage plus large du Missel romain de 1962, le Cardinal Bertone a déclaré qu'il espérait une réception sereine du document papal et a exprimé sa confiance sur le sens commun qui prévaudra et non les idéologies. Il observe que la connaissance du latin est nettement en déclin aujourd'hui parmi les catholiques et que le motu poprio pourrait avoir un effet bénéfique en réveillant l'intérêt pour cette langue et le patrimoine de l'Eglise qu'elle transmet.


Questionné sur l'éventualité d'une réforme srtucturelle de la Curie romaine, le Cardinal Bertone a affirmé que cette question faisait encore l'objet d'une étude approfondie et que par conséquent il préférait ne pas faire de commentaires à ce sujet. Cependant, il a fait ressortir que la Curie offrait aujourd'hui un parfum international, en notant que sur les 25 fonctions que compte le Vatican 16 sont actuellement exercées par des non-Italiens.

vendredi 21 septembre 2007

Vatican Secretary of State Cardinal Bertone

Un an après sa nomination comme Secrétaire d'état par le pape Benoît XVI, le cardinal Tarcisio Bertone s'entretient avec le quotidien italien l'Avvenire.

Voici les commentaires en anglais de EWTN, site catholique américain.



Rome, Sep. 20, 2007 (CWNews.com) - Cardinal Tarcisio Bertone, who completed his first year as Vatican Secretary of State on September 15, told the Italian daily Avvenire that he has no desire to lead the Church himself, but seeks simply to serve the needs of Pope Benedict XVI.

In his interview with Avvenire-- which is published by the Italian bishops' conference-- Cardinal Bertone was asked to respond to comments that Pope Benedict has shown a reluctance to take decisive action, "even if Bertone seems tempted to do so." That impression is "absolutely not" accurate, the Italian cardinal said. He went on to say that the Pope is acutely aware of his duties, and "I try to do my own duty in perfect communion" with the Pontiff.

Answering a question on the implementation of the motu proprio allowing broader use of the 1962 Roman Missal, Cardinal Bertone said that he hoped for a "serene reception" of the Pope's document, and expressed confidence that "common sense will prevail, and not ideologies." He remarked that the knowledge of Latin is clearly in decline among Catholics today, and the motu proprio may have the beneficial effect of reviving interest in the language and "the patrimony of the Church that it transmits."

When asked about the possibility of a structural reform within the Roman Curia, Cardinal Bertone said that the question is still under active consideration, and therefore he preferred not to comment. However, he did point to the international flavor of the Curia today, noting that 16 of the top 25 offices at the Vatican are now held by non-Italians.

mercredi 19 septembre 2007

Lettre ouverte à Monsieur Luc Ferry, ancien ministre et philosophe

A la suite d'une émission parue sur la chaîne catholique KTO dimanche 16 septembre, j'ai estimé nécessaire une mise au point. Elle se présente sous la forme d'une lettre ouverte adressée à M. Ferry, ancien ministre de l'éducation nationale di gouvernement Raffarin.




Monsieur le Ministre,



Quand on fait profession d’être ami de la sagesse comme le laisse entendre votre activité publique, cela exige une honnêteté sans faille.

Quand on a exercé une charge ministérielle et non des moindres, cela requiert un sens élevé des responsabilités.

Quand on se livre à un commentaire sur l’encyclique Veritatis Splendor du défunt pape Jean Paul II, on est tenu dans le même temps, cohérence de la pensée oblige, de se conformer à la vérité.

Quand on a l’occasion de s’exprimer sur une chaîne de télévision catholique, la correction la plus élémentaire oblige à faire preuve de courtoisie et d’honnêteté vis-à-vis de l’ensemble des catholiques, y compris vis-à-vis de ceux qui sont attachés au rite tridentin, même si celui-ci vous déplait.

Or, il se trouve que par deux fois en l’espace de quelques minutes vous avez failli aux devoirs qui étaient les vôtres lors de l’entretien que vous avez eu sur la chaîne de télévision KTO, le dimanche 16 septembre 2007:

- Une première fois, en laissant entendre que les catholiques ne lisaient pas les textes de l’Eglise,

- Une seconde fois, et ceci est particulièrement grave, en qualifiant les fidèles de Saint Nicolas du Chardonnet de néo-nazis.


Ces propos sont à tous égards inacceptables car ils témoignent d’un certain mépris pour les catholiques dans leur ensemble et pour les traditionalistes en particulier.


Sur le premier point, je vous ferais courtoisement observer que vous n’êtes pas derrière chaque catholique pour vous permettre une telle affirmation péremptoire. Quand bien même cela serait vrai, les textes de l’Eglise ne sont pas tous destinés au grand public et en l’occurrence Veritatis Splendor est une lettre encyclique et, comme telle, s’adresse uniquement aux évêques et non pas à l’ensemble des fidèles. Beaucoup de documents ecclésiaux sont théologiquement, canoniquement ou philosophiquement hors de portée de la majorité des catholiques. Ceux-ci n’ont pas reçu une formation appropriée qui n’est, d’ailleurs, pas nécessaire quand on n’est pas appelé à exercer un jour des fonctions importantes au sein de l’Eglise. Vous confondez, Monsieur, érudition et foi. Si celle-ci peut se nourrir et s’enrichir de celle-là tant mieux mais la vie spirituelle se nourrit pas de que des textes officiels de l’Eglise mais aussi des écrits des saints et de religieux, parfois anonymes, comme souvent chez les Pères Chartreux, qui ont laissé des pages admirables riches en méditation. Pour certains, gens simples, généreux et rayonnant de leur Amour en Dieu, il reste ce que l’on appelait jadis la foi du charbonnier, laquelle n’exclut pas pour autant la piété et une certaine compréhension du magistère de l’Eglise. Et comme souvent, ces gens simples font preuve d’une rectitude intellectuelle face à l’enseignement de l’Eglise à l’inverse de certains catholiques qui croient avoir compris le magistère mais ne se privent pas pour le critiquer, parfois violemment.

S’agissant des textes officiels, puisqu’il s’agit bien de cela, permettez-moi de vous rappeler qu’il appartient aux évêques, membres de l’Eglise enseignante, de les commenter auprès de leurs prêtres et des fidèles.

Mais venons-en maintenant au second point que j’évoquais plus haut. J’ai été stupéfait par votre critique du pape Benoît XVI à propos du rétablissement du libre usage, pour ceux qui le désirent, de la messe de rite tridentin, selon l’édition typique définie en 1962 par le pape Jean XXIII.

Tandis que le souverain pontife œuvre afin de parvenir à « une réconciliation interne au sein de l’Eglise » comme il le dit lui-même dans la lettre d’accompagnement adressée aux évêques, vous vous posez en juge critique, méprisant au passage les catholiques de Saint Nicolas du Chardonnet en les qualifiant de néo-nazis.

Ceci est d’autant plus inacceptable que ces propos sont ceux d’un homme public dont l’autorité et la notoriété sont de nature leur attribuer un certain crédit à abuser par voie de conséquence les téléspectateurs mal informés.

Parlant des néo-nazis de Saint Nicolas, vous dites avoir vérifié par vous-même sur place l’exactitude de vos accusations. Mais pour avoir fréquenté pendant plusieurs années, au temps de M. l’abbé Laguérie, dont je vous rappelle qu’il jouit depuis 2006 d’un statut de droit pontifical pour l’institut qu’il a fondé, je tiens à m’inscrire en faux. Non, Monsieur le Ministre, Saint Nicolas du Chardonnet n’est pas un repaire sordide où des nostalgiques viendraient le dimanche se nourrir en commun d’un passé abominable !

Comme tout groupe humain les fidèles de Saint Nicolas du Chardonnet offrent un visage très diversifié d’un point de vue strictement sociologique. On y rencontre des jeunes, des moins jeunes, des personnes âgées. Toutes les couches professionnelles y sont représentées, fonctionnaires, militaires, enseignants, artisans, ouvriers, cadres et employés du secteur privé. Ils ne sont ni pire, ni meilleurs que les autres mais s’efforcent de vivre en suivant l’enseignement du Christ. J’affirme que tous ces gens n’ont que faire de l’idéologie nazie dont ils sont à des années-lumière.

Je ne suis pas derrière chaque catholique traditionaliste pour savoir quels sont ses choix politiques. Néanmoins, je pense que si d’aucuns votent pour le Front national ou pour le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, d’autres ont pris leurs distances avec la politique et votent blanc ou s’abstiennent parce qu’aujourd’hui aucun parti ne propose un programme authentiquement conforme à la morale chrétienne, pas même le Front national dont les militants ne se préoccupent pas davantage des questions touchant à la morale chrétienne que homologues des autres partis. Ceci est d’autant plus vrai que de nombreux chrétiens débattent aujourd’hui sur l’attitude à adopter quand on sait que le souverain pontife a rappelé l’obligation de cohérence entre les choix politiques et les principes fondamentaux de la morale naturelle posés en valeurs non négociables.


Mais je sais par ailleurs que se vendaient et se vendent peut-être encore aujourd’hui (je n’en sais rien puisque je vis depuis plusieurs années en province) des revues, livres et autres documents émanant du Front national ou de partis ou mouvements appartenant à la droite nationale, comme l’Action française.

Or c’est précisément là où le bât blesse car vous vous appuyez sur ce constat pour reprendre, sur le dos des traditionalistes, le discours très confortable qui procède par amalgames pour disqualifier les sympathisants de la droite nationale. Ce faisant vous avez transposé dans le domaine religieux le débat politique dans sa forme la plus détestable. Ceci me conduit à m’interroger. De deux choses l’une :

Ou bien vous êtes convaincu du contenu idéologique que l’on prête au Front national et j’aimerais que vous l’expliquiez au béotien que je suis, étant entendu que l’argumentaire fondé sur le racisme et la xénophobie ne me paraît pas convaincants. Ces mêmes arguments furent, au demeurant, employés contre le candidat Nicolas Sarkozy au cours de la dernière campagne présidentielle afin de le disqualifier.

Ou bien vous l’avez fait sciemment pour discréditer les catholiques traditionalistes et je regrette de devoir vous dire que ce genre de méthode relève de la technique de désinformation propre aux régimes totalitaires. Je vous invite à relire la ferme des animaux de George Orwell. Cela m’épargnera un long commentaire sur l’entreprise de manipulation mentale qui caractérisa naguère les pays du bloc de l’est et à laquelle les procédés utilisés aujourd’hui en France s’apparentent.

Je tiens aussi à vous préciser que les prêtres de la tradition, et pas seulement à Saint Nicolas du Chardonnet, interdisent toute vente de presse politique sur le parvis de leur église non pas par peur du qu’en dira-t-on mais pour des raisons plus élevées. Monsieur l’abbé Laguérie l’a fait en son temps avec la fermeté qu’on lui connaît mais aussi Monsieur l’abbé Coiffet à Versailles. J’en parle pour les avoir personnellement entendus en chaire mettre en garde les fidèles.

Leur motivation tient au fait que la messe dominicale est le temps fort de la vie chrétienne qui doit nourrir la vie spirituelle, laquelle ne doit pas être perturbée dès la fin de la messe par un colportage politique intempestif, quel qu’il soit. Au fond, il s’agit, et cela me paraît tout à fait légitime, de rendre ce jour-là (Dies Domini) à Dieu ce qui est à Dieu et de laisser César de côté afin de préserver le caractère latreutique de cette journée. Ceci étant, les prêtres n’ont pas de pouvoirs de police, que je sache, et ne peuvent empêcher les marchands politiques de tourner autour du temple.

Enfin, j’ajouterai que le courant traditionaliste ne se réduit pas à Saint Nicolas du Chardonnet, loin s’en faut, ni même à la seule Fraternité Saint Pie X fondée par Mgr Lefebvre. En rédigeant la lettre apostolique Summorum Pontificum, je suis convaincu que Benoît XVI avait en vue bien autre chose que cette seule église parisienne qui n’était jamais qu’une église paroissiale et qui a acquis une renommée emblématique dans les années 70 quand les traditionalistes n’avaient pas d’autres possibilités de se faire entendre autrement qu’en occupant des églises. C’est pourquoi je considère votre critique sur le motu proprio du pape pour le moins réducteur et grossièrement caricatural, à l’aune de ce que peuvent rapporter les médias dont la rigueur et l’objectivité d’analyse pour tout ce qui touche le catholicisme, ne semblent pas être la vertu première.

Alors si vous êtes épris de vérité je vous invite à prendre votre bâton de pèlerin, ce qui est tout indiqué en la circonstance, et à vous rendre à l’abbaye bénédictine de Fontgombault, à celle de Randol, à celle de Sainte Madeleine du Barroux, à découvrir les chanoines Réguliers de Lagrasse, les pères dominicains de la Fraternité Saint Vincent Ferrier et les dizaines de lieux de cultes concédés à la Fraternité saint Pierre, à l’Institut du Christ-Roi de Mgr Wach, à l’Institut du bon Pasteur de l’abbé Laguérie, institutions canoniquement en règle avec Rome et vous verrez que la tradition n’est certainement pas ce que voulez bien en dire. Cela vous évitera des propos blessants et injustes. Je citerai aussi les lieux de culte de la Fraternité Saint Pie X et des communautés catholiques qui s’y rattachent, même si pour l’instant elles ne sont pas reconnues canoniquement : je pense aux bénédictins de Bellaigue ou aux dominicains d’Avrillé, aux capucins et clarisses de Morgon, aux pères de la Fraternité de la Transfiguration de Mérigny, aux carmélites d’Eynesse comme à celles de Quiévrain en Belgique, aux sœurs de la Fraternité Saint Pie X, aux dominicaines enseignantes et bien d’autres encore en France comme à l’étranger, car j’en oublie. Croyez-vous que, cloîtrées selon l’ancienne règle, les carmélites nourrissent du fond de leur carmel je ne sais quel fantasme mussolinien ou hitlérien ?

Et en dernier lieu, plutôt qu’un mépris condescendant pour tout ce qui touche la tradition je vous invite à lire ne serait-ce que le « Suscipe Sancte Pater », prière de l’offertoire de la messe tridentine pour le comparer à la prière d’offrande de la messe de Paul VI. Mieux encore, prenez le temps d’assister à une messe, une messe basse, toute simple, une messe comme celle que que tout moine - prêtre célèbre quotidiennement et solitairement, à l’abbaye de Flavigny-sur-Ozerain ou à celle du Barroux. Alors, peut-être sentirez-vous la dimension sacrée d’une liturgie qui, remontant aux premiers siècles du christianisme et qui, vraisemblablement, était déjà codifiée dès le VIème siècle dans la forme générale qu’on lui connaît aujourd’hui, se répète immuable, quasi éternelle, jour après jour, en sacrifice d’adoration et de louange ? Alors vous comprendrez, je le souhaite ardemment, tout ce que vos propos peuvent avoir d’incongrus et d’offensants.

Pardonnez le ton parfois virulent de cette lettre, mais je me devais de vous faire savoir mon indignation, non pas pour moi tout particulièrement mais parce qu’il est insupportable qu’un débat politique faussé depuis longtemps vienne entacher la réflexion spirituelle surtout quand celle-ci porte sur la Vérité.


Confiant dans l’idée que le philosophe que vous êtes recevra avec attention et bienveillance les rectifications que j’ai cru devoir apporter, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma respectueuse considération.

mardi 18 septembre 2007

Episcoperles



Derrière ce titre se cache non pas un bêtisier qui ferait sourire mais une ahurissante collection de propos tenus par des évêques français et non des moindres. Ces déclarations qui laissent pantois font l’objet d’un livre de Rémi Fontaine, paru fin 2006 chez Renaissance catholique.

Je ne peux m’empêcher de vous citer quelques exemples tirés de ce livre. Ils nous laissent dans un profond malaise tant le raisonnement de la plupart de nos évêques paraît vicié. Vous jugerez par vous-mêmes.

Je citerai aujourd’hui l’incroyable participation de deux évêques à la publication d’un livre écoeurant paru en 2002, intitulé l’Eglise et l’art d’avant-garde – De la provocation au dialogue – La chair de Dieu. Cet ouvrage a été écrit conjointement par Gilbert Brownstone et Monseigneur Albert Rouet, archevêque de Poitiers. Il est préfacé par Mgr Gilbert Louis, évêque de Chalons-en-Champagne, lequel se trouve être le président du comité Art – Culture – Foi (A.C.F) qui est un service qui assure la présence de l’Eglise dans le monde des arts et de la culture comme nous le précise Eglise catholique en France, le site officiel de la conférence des évêques de France.



Monseigneur Rouet, archevêque de Poitiers

Que trouve-t-on dans cet ouvrage ? Assurément, rien qui puisse relever du beau.

On y trouve en effet une minable photographie intitulée « Piss Christ » qui nous montre un crucifix photographié dans un bocal d’urine. Figurent également une « Vierge aux excréments » de Chris Ofili (sans commentaires !), un « Re-mademoiselle Jésus » de 2002, dessin de tatouage qui représente un homme barbu et contorsionné, travesti en homosexuel avec chaussures à hauts talons, en jupe découverte et soutien-gorge.

Pour compléter le site royaliste "les Manants du Roi" énumère les photographies suivantes avec un court commentaire:

« Beads (collier de perle) ». Ce tableau représente de face une jeune femme nue baissant la tête et regardant sa main glissée d’une manière évocatrice dans son slip abaissé. Image véritablement pornographique.

Sans titre : Une femme asiatique suspendue horizontalement, et de face, à des cordes, entièrement dévêtue sous la ceinture, laisse pendre une jambe écartée comme une prostituée. Pornographie agressive.

« Naples Action » Une photo qui montre un homme aux yeux bandés allongé sur une croix à terre, comme le Christ, mais sur lequel est posé, ensanglanté, un quartier écartelé de porc. Une photo dégoûtante.

« Balkan baroque » Sur un tas d’os sanguinolents, une femme assise, les vêtements également ensanglantés, s’appuie sur un fémur. Une exposition d’abattoir !

Revenons à la première photographie représentant un crucifix dans un bocal d’urine. Ce cliché est « l’œuvre » d’un certain Andres Serrano, citoyen américain, né d’un père hondurien et d’une mère cubaine. Il semble que cet artiste, puisque, paraît-il, il en est un, rencontre quelques sérieux problèmes qui justifieraient une prise en charge psychiatrique. Ce monsieur, d’après Le Figaro, est en effet fasciné par les fluides corporels que sont le sang, le lait maternel, l’urine et le sperme. Mais cela ne s’arrête pas là. Outre des goûts proches du scatologique, Serrano éprouve un attrait morbide pour les cadavres et se repaît de photographies prises dans les morgues. L’une des photos représente le cadavre sanguinolent d’une personne suicidée. Ayant dans le passé, en raison de mes activités professionnelles, constaté de nombreux suicides, je n’éprouve aucune attirance, mais vraiment aucune, pour ce genre « artistique ». N’’attendez donc pas de moi que je vous montre quelques unes de ses œuvres photographiques. D’ailleurs, elles n’ont aucune valeur artistique et surtout elles semblent assouvir une perversion mentale pathologique à laquelle je ne veux aucunement m’associer en donnant sur ce site une publicité à des travaux pseudo artistiques. Mais de cela nos deux évêques n’en n’ont eu cure.

En effet que nous dit le site d’Art – Culture - Foi dont le président est, je vous le rappelle, Mgr Rouet ? Je vous laisse découvrir !

« Nous n'aurions jamais dû l'oublier, nous les chrétiens. Mais le Concile Vatican II nous l'a fortement rappelé: il faut aller au monde, le connaître… et l'aimer surtout! Alors nous y sommes allés. Avec ardeur… Et ce n'était pas trop difficile de s'y reconnaître au début. Bien sûr, nos sociétés se sécularisaient, opéraient leur "sortie de religion", mais leurs utopies et leurs valeurs s'inspiraient fortement d'une culture judéo-chrétienne. Aujourd'hui le décryptage est brouillé. Dans ce monde "d'individus sans appartenance", la question du sens et de la "vie réussie" est renvoyée à chacun… et la "fatigue d'être soi" se fait lourde. Les faits sociaux ne sont plus lisibles au premier degré… ils sont les symptômes de quelque chose de plus profond qui se passe au sous-sol de notre humanité. Peut être en a-t-il été toujours ainsi… mais, enivrés par les savoirs modernes, nous n'avons pas su prendre le temps de regarder. Savoir, c'est maîtriser. "Se laisser toucher", c'est se laisser prendre. Les artistes ont ce détachement, ce regard perçant. Ils vont à la racine de la condition humaine. Ils sont authentiquement prophètes, parce qu'ils révèlent ce qui ne se voit pas, ce qui échappe à l'investigation de l'expert. Nous avons désormais besoin de ce regard distancié.L'intuition principale du groupe de travail "Arts - Cultures - Foi" au sein d'un comité épiscopal, créé en 1997, aujourd'hui sous la responsabilité de Mgr Gilbert Louis et du Père Robert Pousseur, aura été de renouer avec ces "sculpteurs d'humanité" que sont les artistes. Et pour évoquer les problèmes de l'homme, commençons par ce qui apparaît en premier : la chair. D'où ce thème de "la Chair et Dieu" décliné conjointement par des artistes et des chrétiens qui témoignent dans ce livre intitulé "L'Eglise et l'art d'avant garde. De la provocation au dialogue".»

A travers cette logorrhée, véritable bouillie de chat, à l’intellectualisme de bazar, il me semble que certains doivent effectivement ressentir une certaine « fatigue d’être soi ». Je remercie d’avance celui ou celle qui me dira en quoi le « Piss Christ », la Vierge aux excréments, re-mademoiselle Jésus etc… émanent d’authentiques prophètes qui nous révèlent ce qui ne se voit pas et échappe à l’investigation de l’expert. De quel expert s’agit-il, au demeurant, et pour quelle expertise ? L’auteur de ces lignes qui se gargarise de mots creux serait probablement en peine pour répondre à cette question. Remercions par la même occasion le groupe de travail d’ACF pour son « intuition » qui nous permet de renouer avec ces « sculpteurs d’humanité ». Merci enfin pour un livre qui va de la provocation au dialogue. Quel dialogue ? Mystère !

Je laisse pour la fin le meilleur morceau, à savoir le commentaire de Mgr Rouet sans lequel nous aurions raté le train ! En effet, nous dit l’archevêque de Poitiers, « à prendre du retard pour ce rendez-vous, l’Eglise risque fort d’arriver après la fermeture des portes, obligée de prendre le prochain train. »


En guise de portes, j’aurais aimé que Mgr Rouet nous parlât plutôt des portes du psaume des matines de dimanche :


Attollite portas, principes, vestras
Et elevamini , portae aeternales :
Et introibit Rex gloriae.

Princes, levez vos portes,
Elevez les portes éternelles
Et le Roi de gloire entrera.


Icône du Christ Roi


On reste confondus par l’implication de deux évêques dans une production livresque qui relève du blasphème, du pornographique de l’ordurier et de l’immonde. Que cherchez-vous Messeigneurs à travers cette collaboration à un livre obscène ? A nous « interpeller quelque part » comme vous le dites si souvent dans votre jargon ? Nous provoquer pour nous conduire à quoi ? Le savez-vous, vous-mêmes ?

En collaborant à la rédaction d’un livre somme d’immondices pensez-vous ouvrir les portes dont vous avez tellement peur qu’elles soient fermées avant que nous n’arrivions ? Permettez moi de vous rappeler humblement ce conseil, même si c’est un comble que de devoir adresser des recommandations à des membres de l’Eglise enseignante : à parler de portes fermées, pensez plutôt à ouvrir les portes du royaume de Dieu pour que la royauté de Notre Seigneur se réalise sur terre, faute de quoi vous aurez failli à la mission donnée par le Christ.

Faut-il que vous ayez perdu le sens du beau, faut-il que ayez perdu tout sens moral, faut-il que vous ayez perdu le sens du message évangélique pour aller fouiller dans les poubelles, les fosses septiques et les abattoirs en espérant y trouver la parole divine ?

Vous êtes les dépositaires de l’enseignement du Christ, les successeurs des apôtres à qui Notre Seigneur a demandé d’aller enseigner les Nations : « Euntes ergo docete omnes gentes. »

Le Christ ne vous a pas demandé de collaborer à une œuvre manifestement satanique pour annoncer la Bonne Nouvelle. Il ne vous a pas demandé de participer à la gigantesque et folle œuvre de destruction entreprise par l’homme. Vous parlez de dialogue ? La Bible nous prouve qu’on ne discute pas avec le démon. Eve se crut assez forte pour discuter avec le serpent au jardin d’Eden. On sait ce qu’il en advint ! Et vous, pendant ce temps vous vous inscrivez dans un « questionnement » ontologique scabreux sur la nature humaine pour reprendre un terme bien en vogue dans la langue de buis. Vous allez chercher une réponse au mystère de l’homme dans des photos sordides, là où foisonnent les textes admirables des Pères de l’Eglise, des grands saints, des papes et hommes d’Eglise qui nous donnent tant de magnifiques réponses à nous qui sommes si souvent dépassés par notre propre misère humaine.

Et pour conclure, j’ajouterai à propos du train manqué évoqué par Monseigneur Rouet, qu’à tout prendre, je préfère rester sur le quai plutôt que de m’embarquer dans un convoi dont le déraillement est assuré. Monseigneur, ne vous en déplaise, j’attendrai le train suivant et peu importe l’heure d’arrivée pourvu qu’il me conduise à la bonne gare.

dimanche 16 septembre 2007

A l'attention des lecteurs

Comme je suis amené à retravailler certains articles afin de préciser ma pensée ou tout simplement pour corriger des fautes d'orthographe qui auraient échappé à ma vigilance, je vous invite à relire, pour ceux qui le souhaitent, les articles antérieurs. Les articles modifiés sont signalés par l'ajout au titre de la mention V.1, V.2 etc en fonction du nombre de versions remaniées.

La trilogie républicaine (II) V.1



L'égalité


Nous abordons aujourd’hui le second volet du triptyque républicain : Liberté, Egalité, Fraternité.

Nous avions vu dans la première partie que le concept de liberté peut être séduisant car personne ne s’oppose vraiment à la liberté. Nous concevons parfaitement que l’homme soit et doit être libre au sens où il doit disposer de la liberté de ses actes, de ses choix par opposition à l’esclave qui est entièrement soumis à son maître et qui ne possède pas de personnalité propre.

Nous avons également vu que le triptyque joue avec les mots avec duplicité. La liberté des révolutionnaires de 1789 n’est sûrement pas celle que comprend généralement l’opinion publique, peu ou mal informée.

Il en va de même pour le concept d’égalité.

Je ferai tout d’abord deux remarques liminaires :

- Liberté et égalité s’excluent mutuellement car la liberté suppose d’agir en fonction de ses capacités. Or celles-ci varient d’un individu à un autre. Je suis désolé de devoir contredire les tenants de la pédagogie post soixante-huitarde mais nous n’avons pas tous le même quotient intellectuel et cela ne provient pas nécessairement du milieu familial. Des enfants issus de milieux peu cultivés ont pu réussir dans leur parcours scolaire alors qu’ils partaient avec un handicap lourd par rapport à leurs camarades nés dans des familles bourgeoises favorisées. A contrario, dans une famille cultivée de bon rang social les enfants de la fratrie n’auront pas tous la même capacité intellectuelle. Nous touchons ici à l’éternel débat entre l’inné et l’acquis mais une chose est certaine le quotient intellectuel des individus pose dès le départ une certaine inégalité de fait. Il en résulte le dilemme suivant : où je privilégie la liberté et je dispose de ma liberté d’action mais mes capacités supérieures me conduiront à dépasser les autres, ou a contraire je privilégie l’égalité et mon action sera nécessairement limitée. C’est d’ailleurs ce qui se produit dans l’enseignement scolaire ou l’égalitarisme imbécile et le refus de tout élitisme conduit à un dramatique abaissement du niveau général. Quel point commun entre le baccalauréat des années 50 et celui de nos jours, où par pure démagogie le pouvoir politique a arbitrairement décidé d’un taux de réussite de 80 %. Pourquoi y aurait-il dans la logique égalitaire 20 % de laissés pour compte ? Il y a là une incohérence, mais la politique aujourd’hui ne se préoccupe guère de cohérence quand le but est de plaire au plus grand nombre, élections obligent !

- Le second point se fonde sur un jeu de mots à partir du latin. Egalité vient de aequalitas. Equilibre se dit aequilibrium et cheval equus (équitation en français). Le latin utilise le terme equitabilis pour signifier ce qui est favorable aux chevauchées de la cavalerie. On ne peut qu’être troublé par la similitude de racine entre ces différents termes. Sans pouvoir l’affirmer avec certitude on peut supposer que ces mots proviennent d’une même racine aequ ou equ. Mais quel rapport me direz-vous entre un cheval et l’égalité républicaine ? Ceux qui pratiquent l’équitation, c'est-à-dire l’art de monter à cheval savent pertinemment que le sens de l’équilibre est important dans cette discipline si l’on ne veut pas tomber de sa selle toutes les dix minutes. Or l’équilibre c’est aussi l’égalité. Si je place sur les plateaux d’une balance deux objets et que ma balance affiche un parfait équilibre, je peux alors affirmer que les deux objets ont le même poids. En mathématiques quand deux valeurs sont identiques on dit qu’elles sont égales. Notons en passant que les objets que j’ai placés dans ma balance peuvent être deux objets différents, ceci est important car égalité ne signifie pas nécessairement identité.


Equitation, équitable, deux termes apparemment sans rapport sauf si l'on sait que tenir sur un cheval en toutes circonstances exige un grand sens de l'équilibre. Ici exercice de charge par les cavaliers de la garde républicaine.



Egalité et justice

L’idéologie républicaine précisément confond deux notions totalement différentes celle d’égalité et celle de justice. Cette confusion est d’ailleurs volontairement entretenue au nom de la duplicité sémantique qui permet de tromper tout le monde. En fait elle prône l’égalité là où il devrait y avoir justice. Nous retrouvons ici l’idée d’équilibre. La balance n’est-elle pas le symbole de la justice ?






Représentation de la déesse grecque Thémis. Symbole de la justice elle arbore le glaive et la balance.


Cette duplicité apparaît dès le début de la révolution.

La déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) pose dès l’article premier le principe de l’égalité des hommes dès leur naissance.

Article premier - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

Cette égalité de droits est avant tout une égalité de droit. Or la DDHC précise aussitôt comme pour nuancer ce principe que les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. Le terme bien commun aurait été plus approprié mais sa connotation thomiste donc catholique le disqualifiait aux yeux des membres de l’assemblée constituante.

Or il faut croire que les pères de la déclaration en rédigeant cet article premier ne visaient que les hommes au sens de vir latin (masculin) et non pas au sens homo (espèce humaine sans distinction de sexe). Lorsque les femmes demandèrent la qualité de citoyenne, la Convention les envoya proprement promener. Comme belle atteinte à la justice on ne pouvait faire mieux !

Quand la femme demande qu’elle soit, à activité professionnelle identique, rétribuée à égalité avec les hommes, il s’agit de justice. On ne voit pas pourquoi les femmes auraient un salaire de 30 % inférieur à celui des hommes.

Le drame c’est que le concept d’égalité a cheminé dans les esprits en faisant au passage de lourds dégâts. La où la justice devrait seule prévaloir, on réclame aujourd’hui l’identité parfaite et cela va beaucoup plus loin qu’on ne le pense car la nature même de l’être humain est remise en cause. Rappelons-nous l’image que j’évoquais plus haut, à savoir que deux objets peuvent avoir le même poids sans être pour autant identiques. Qu’y a t-il de commun entre une pomme de 200 grammes et un livre de même poids si ce n’est leur poids précisément ?

Les conséquences calamiteuses

L’égalité mal comprise vient se télescoper avec les effets pervers du système démocratique poussé à l’extrême qui conduit à satisfaire les revendications les plus folles parce qu’il va de la survie politique de l’élu, d’un parti et que cette survie est subordonnée au choix des urnes.

Baccalauréat pour 80 % des élèves, ce qui est, au demeurant, injuste pour les 20 % restants ! A quand les 100 % ?

Refus de la sélection en université. La réforme promise dans ce domaine par le candidat Sarkozy se transforme en mesurette dérisoire par le président Sarkozy, syndicats obligent, moyennant quoi le niveau de nos facultés continuera à s’effondrer et les têtes s’expatrieront à l’étranger pour décrocher les diplômes d’universités prestigieuses. Pendant ce temps nous continueront à produire à la pelle des diplômés en sociologie, en psychologie dont on a que faire tant les débouchés sont fermés, et qui iront alimenter les lourds bataillons de chômeurs de longue durée avant d’accepter, faute de mieux, un emploi sous qualifié.

Parité forcenée dans le monde politique, ce qui conduit les partis politiques à inscrire sur les listes électorales des femmes pas toujours volontaires afin de ne pas être pénalisés. Le critère de sélection des candidats n’est plus la compétence mais le sexe. Beaucoup d’hommes politiques, loin d’être misogynes, s’en plaignent en privé.

Refus de l’élitisme qui est hautement discriminatoire, ce qui conduit à tirer la société vers le bas, ce que l’on appelle communément le nivellement par le bas.

Négation forcenée de la différentiation sexuelle homme – femme. Je vous invite à lire à ce sujet le livre d’Elisabeth Badinter X Y ou l’identité masculine (Il existe dans la collection des livres de poche). Paru en 1992, il annonçait un courant de pensée qui se manifeste de plus en plus selon lequel l’homme et la femme sont identiques et que les critères physiques sont en fait des apparences trompeuses. La véritable identité masculine aurait été falsifiée par la société et ses modes d’éducation. La virilité en tant que critères de masculinité (force, courage, combativité, domination de soi) n’est en fait qu’un acquis culturel, tandis que l’homme vrai ne se distinguerait pas de la femme dont il est issu après les neuf mois de gestation utérine. Cette communauté de vie dans le sein de la mère alliée à la communauté charnelle de la mère allaitant son fils feraient que l’homme est une femme qui s’ignore. Je schématise mais à peine.

Après avoir rappelé que les femmes ont compris ( ?) l’essence de la véritable identité de l’être humain, Elisabeth Badinter, en guise de conclusion, écrit ceci :

« Contrairement à la vielle histoire de la damnation d’Eve, Dieu s’est fait son complice. Non seulement il a enlevé le pouvoir procréateur à Adam pour le donner à sa compagne, mais du même coup, il a accordé aux femmes le privilège de naître d’un ventre du même sexe. Il leur a ainsi épargné tout un travail de différenciation et d’opposition qui marque de façon indélébile le destin masculin. Le père/mère peut atténuer les douleurs de la séparation et faciliter l’acquisition de l’identité masculine, il ne pourra jamais annuler les effets de la fusion originelle ».


Une fois achevée la lecture du livre de madame Badinter, l'homme masculin ne sait plus du tout s'il est homme ou femme. Par contre la femme demeure tout au long de la démonstration parfaitement femme même s'il s'agit d'une virago de la pire espèce.

Je reviendrai ultérieurement sur ce livre très symptomatique de la pensée moderne qui se complaît à brouiller tous les repères.
Je n’insisterai pas sur le travestissement grossier de la Genèse. La procréation (pour l’instant encore) se fait toujours à deux que je sache ! La damnation d’Eve est une nouveauté théologique. Adam et Eve furent chassés de l’Eden, encore que Dieu prit soin de les revêtir de tuniques de peau, montrant ainsi que si la sanction divine doit s’appliquer, le Père des cieux n’en n’est pas moins Père très aimant (Deus caritas est) et plein d’attention pour sa création.

Refermons cette parenthèse sur cette lecture de la Bible dont je laisse volontiers la paternité…pardon, la maternité à Elisabeth Badinter. Nous voyons se conjuguer dans la négation de la dualité homme – femme l’application du principe d’égalité qui va jusqu’à nier le réel. A cet égard nous baignons une fois de plus dans la philosophie idéaliste. Ne nous en étonnons pas. La révolution est née des « Lumières » et notre société reconstruit l’homme au gré de ses passions et de ses pulsions au mépris de l’ordre naturel voulu par le Créateur. Au moins, nous savons à quoi nous attendre et nous ne serons pas surpris des résultats nés d’une pensée totalement déconnectée du réel. Prions le Ciel que le prix à en payer ne soit pas trop lourd !

jeudi 13 septembre 2007

Education of our children


The most important responsibility of parents is obviously education of their children. As you know this site aims at participating to restoration of a genuine christian society in France. We have to consider that everyone has a part of this duty to achieve, everywhere he is, with his own capabilities even if they are poor.

We have to follow Jesus Christ who teached us His message of peace, brotherhood and goodness as said pope Benedict XVI in his apostolic letter "Motu proprio" Totius Orbis. This is the message that we have to give to our children.


But since the french revolution of 1789 which mainly planned a total destruction of catholicism, France has been threatened of death. Today the danger has drastically grown up. After two centuries the christian values which founded Europe have been cancelled. Current Europe has become a land of business and profits in which there is no place for God. We must restore Europe of faith with its monasteries, cathedrals, churches and mainly the spirit of the Gospel, which is Europe of saint Benedict of Nurcia who was the father of benedictine Order but also was proclaimed Father of Europe by the Church.


Ignoring the education of our sons and daughters would be a wrong attitude. However, many parents consider that education of children is a part of government responsibilities. It is absolutely not acceptable. Education must not be the job of states but must actually remain the absolute responsibility of every father and every mother. Specially, as catholics we must breed our children according to the magisterium of the Church. French catholics perfectly know that school programs have been set up to fight catholicism. These programs inoculate a high toxic poison in spirits.


But, how can we do for our children? While we are spending much energy to give a christian education to our children, the world destroys our work. Television, books, newspapers, movies, classmates sometimes, and the way of life in western countries cause disturbances in the mind of youth. They are involved in the world of culture of death as often said pope John Paul II. However, we cannot keep our children in a kind of "waterproof" box, isolated from our world because this world would be considered as highly dangerous. Such a medicine would be the worst thing we have to do. Not only we should not prepare our children to cope with the society (Life is a fight!) but children would be weakened. Some catholic families put curtains on windows of back seats of their vehicle to protect their children from ads panels with nudity or erotic pictures in streets. And what about the temptation of the forbidden fruit if we only educate our children with interdictions?



The best response is to provide a sane education, a culture of life, within catholic schools but in France few of them are actually catholic schools. Most of them accept non-catholic pupils or students and signed up contract with government to receive public founds. But according this contract they must apply the same programs
as public schools (under control of ministry of education) and their teachers and professors must follow identical training as their colleagues of public education.



You can easily know what happened. Today, the result of such a policy is catholic schools under contracts have lost their catholic identity. The word catholic has become a nonsense, a vacuum concept.



Fortunately few of catholic schools provide a good education. Generally, they belong to Traditionalist trend. That means the crisis inside catholic Church cannot be reduced to a simple fight for the latin mass. This is an other debate we cannot face today because it is not the topic of this page and raises up many questions about some aspects of Council Vatican II. That point could be a study for next weeks in this site.


Priest in a catholic school


The major problem is we have very few catholic schools and they are expensive for parents because these schools do not receive public founds as I said upper to remain totally free.


This site is not a forum but you can give your own comments about education. Let me know your point of view. We can share our experiences in a full spirit of christian brotherhood and give each others advises.


But, first of all, we have to pray the Virgin Mary, Mother amidst mothers, that she may give us the light and the strength to successfully achieve our duty of parents for the souls of our children.