lundi 16 juillet 2007

Summorum Pontificum

Deo gratias


Le Très Saint Père vient enfin de rétablir la messe de Saint Pie V dans tous ses droits. Quasiment interdite de fait depuis la promulgation du nouvel ordo missae (NOM), elle n'avait jamais été supprimée en droit. Bon nombre d'évêques et de prêtres considéraient abusivement que la nouvelle messe avait tacitement abrogée la liturgie antérieure et se fondaient sur le fallacieux prétexte du birtualisme inacceptable, de leur point de vue, au sein de l'Eglise pour interdire la célébration de la messe dans la liturgie selon le missel de Jean XXIII (dernière réforme de l'ancien ordo avant son interdiction de facto).


Mais la joie légitime de tous ceux qui attendaient la décision du souverain pontife ne saurait cacher les réactions hostiles ou les analyses consternantes dans leur bêtise ou leur mauvaise foi quand ce ne sont pas les deux en même temps.


Réaction des médias


Les médias et la presse française, en particulier, qui ont une connaissance caricaturale et infantile des choses de l'Eglise catholique ont dit tout et surtout n'importe quoi sur "le retour de la messe en latin", oubliant que le pape actuel comme son prédécesseur célèbrent ou ont célébré la messe en latin lors des grandes fêtes liturgiques à Saint Pierre de Rome. Il s'agit bien sûr de la messe de Paul VI dans sa version latine. Certes, dans la plupart des paroisses on a, le plus souvent, complètement passé le latin à la trappe.



Toutefois, on oublie aussi qu'en dehors des communautés traditionalistes la messe est aussi célébrée en latin. les Bénédictins, en particulier, sont pour la plupart restés fidèles au latin, même dans la célébration selon le Novus Ordo Missae. Les moines de Solesmes, de Kergonan, de Flavigny-sur-Ozerain, entre autres, utilisent le missel Paul VI dans son édition latine.

Certaines abbayes bénédictines ont même restauré depuis longtemps, en pleine union avec l'Eglise, la liturgie traditionnelle: Fontgombault, Randol, Le Barroux et bien d'autres monastères constituent des hauts lieux catholiques où la prière de l'Eglise s'élève sicut incensum - comme l'encens - dans la langue de toujours.

Il ne s'agit donc pas d'un retour au latin mais d'une décision qui rend une juste place à la liturgie selon l'ancien ordo ou Vetus Ordo Missae (VOM). En fait Summorum Pontificum n'est pas une affaire de langue mais va bien au-delà. Les motivations de Benoit XVI sont multiples et la première et non des moindres est l'unité de l'Eglise que le Christ lui a confiée. Il y a aussi l'intention chez le souverain pontife de rétablir une liturgie excluant les excès et les fantaisies que l'on a rencontrés dans de nombreuses paroisses, que Benoît XVI qualifie lui-même de déformations à la limite du supportable.




Réaction du clergé de France

Il y a quelques jours, un évêque se voulait rassurant et s'adressait à ses prêtres en leur disant de ne pas avoir peur. Mais enfin peur de quoi, sommes-nous en droit de dire? L'Eglise de France connaît une crise majeure depuis 40 ans. La pratique est tombée très bas, même pas 10 % de fidèles réguliers, le nombre de prêtres a décru de façon impressionnante à tel point que des évêques font appel à des prêtres africains, entre autres. Les séminaires se sont vidés, la France est quasiment déchristianisée et redevient terre de mission. En proportion, le courant traditionnel fait preuve d'une grande vitalité. il est surprenant de voir que les abbayes fidèles à l'ancienne liturgie suscitent de nombreuses vocations. L'abbaye Sainte Madeleine du Barroux qui n'a pas quarante ans d'existence vient de fonder un monastère, fidèle au principe d'essaimage multiséculaire, dans le diocèse d'Agen. L'abbaye de Fongombault en un demi-siècle a essaimé trois fois, donnant naissance aux abbayes de Randol puis de Triors et au monastère de Gaussan. Les séminaires des fraternités Saint Pie X, Saint Pierre ou de l'Institut du Christ Roi ne connaissent pas le tarissement des vocations. Mais cela n'interpelle pas, comme on dit si bien aujourd'hui, nos évêques! Et tandis que le christianisme se meurt en France, des évêques et des prêtres qui ne veulent pas voir les conséquences calamiteuses d'un apostolat qui a vidé les églises, détourné bon nombre de catholiques de la pratique régulière, tremblent parce que le souverain pontife rétablit la messe traditionnelle dans tous ses droits. On croit rêver! Un enfant de 10 ans serait capable de comprendre les causes d'un tel effondrement, mais eux non! Englués dans leur idéologie moderniste ils redoutent les effets du motu proprio. Cela en dit long sur le sensus ecclesiae de ces ecclésiastiques!

Ceci étant, gardons-nous cependant de tout triomphalisme ainsi que des clichés stéréotypes.
S'il y a victoire, aujourd'hui, c'est celle de l'Eglise toute entière et non pas d'un camp contre un autre. Le motu proprio nous rappelle la promesse du Christ à Pierre: tu es Petrus et in hanc petram aedificabo ecclesiam meam et portae inferi non praevalebunt adversus eam.


De même, préservons-nous de cette propension à nous classifier les uns par rapport aux autres. Il y a déjà la répartition entre conciliaires et traditionalistes et chez ces derniers les "lefebvristes", les ralliés ou "ecclesia Dei", quand on ne parle pas, comme je l'ai entendu à l'époque, des traîtres du Barroux!
Les traditionalistes ne sont pas les seuls détenteurs de la foi. La messe de Paul VI, célébrée en langue vernaculaire, en français pour ce qui nous concerne, peut être très belle; Pour avoir assisté à des messes célébrées par des moines de la communauté des Frères de Bethléem, je puis en témoigner. Que le contenu de la messe de Paul VI soit ambigu à bien des égards, cela est certain, mais il ne faudrait surtout pas en faire un argument ad hominem contre les "conciliaires". Inversement, ceux-ci ne peuvent en aucune façon mettre en doute la foi des traditionalistes en affirmant, comme un évêque vient de le dire très récemment, qu'ils sont plus soucieux de rites que de l'amour de Dieu, pharisiens des temps modernes, où que chez eux la charité fait défaut.
Ces divisions ne sont pas nouvelles dans l'Eglise. Tout au long de son histoire, l'Eglise du Christ a connu querelles, divisions et ce dès les temps apostoliques. Sainte dans son essence, puisque établie par son divin Maître, elle fait face à la faiblesse humaine de ses serviteurs. C'est pourquoi, nous ne pouvons que nour réjouir de la décision du Saint Père que l'on sait tant soucieux de l'unité de la barque de Pierre dont il a reçu la lourde charge.

La publication du motu proprio est donc avant tout une grande joie pour tous ceux qui sont attachés au rite tridentin. Nul doute que l'autorisation donnée par le pape aura, à terme, des conséquences que nous ne pouvons pour l'instant mesurer. La Divine Providence et l'action de l'Esprit Saint, je n'en doute pas une seconde, oeuvreront pour la saint Eglise, mais restons sur nos gardes car dans le même temps Satan, dans sa rage, redoublera d'action de façon redoutable.


La prière reste plus que jamais le meilleur recours.

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