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R.I.P
Requiescat in Pace! Le cardinal LUSTIGER s'en est retourné à la maison du Père. Si les milieux traditionalistes n'ont jamais éprouvé un grand attachement pour ce prélat bien trop conciliaire dans sa théologie comme dans sa pastorale ce fut notamment en raison des rapports difficiles entre l'archevêché qui appliqua les normes Ecclesia Dei avec parcimonie pour ne pas dire mesquinerie. La Tradition dut se contenter de la portion congrue avec parfois des solutions bâtardes comme celle appliquée dans Paris intra muros en la paroisse de Saint Eugène. Deux curés in solidum, cela n'était guère satisfaisant à tous égards, même si la coexistence des deux ecclésiastiques s'était déroulée de façon pacifique, en raison de leur personnalité.
Il est toujours douloureux pour un catholique de critiquer les actes contestables de ses prêtres. Ce l'est davantage encore lorsqu'il s'agit d'un cardinal.
Ne nous y trompons pas, si la presse fut dithyrambique dans les commentaires qui suivirent la disparition de l'ancien archevêque de Paris, c'est bien parce que le cardinal avait une pris une place particulière dans l'Eglise de France. Ses origines juives, peu banales pour un haut dignitaire de l'Eglise catholique romaine, son ministère plutôt "décoiffant" y sont pour beaucoup. Les médias adorent les hommes d'Eglise qui se démarquent de leur hiérarchie ou affichent des positions en rupture avec Rome...sauf lorsqu'il s'agissait de Mgr LEFEBVRE. Pensez donc, Il était pleinement catholique! Mais un Monseigneur GAILLOT, un abbé PIERRE, ce ne peut être que du...pain bénit!
Mgr Lefebvre trop catholique pour les médias
Oui mais le Cardinal LUSTIGER était tout sauf un Mgr GAILLOT ou un abbé PIERRE. Il avait d'ailleurs déploré les égarements livresques de ce dernier sur la chasteté, mettant sur le compte de l'âge les propos tenus par le vieil homme. Dans sa liberté de ton, il est toujours resté un homme d'Eglise, fidèle à Rome.
Certes, l'origine juive du cardinal l'a conduit à une approche théologique particulière des rapports entre le judaïsme et le catholicisme. On peut résumer en disant que pour Mgr LUSTIGER, les Juifs sont nos frères aînés, ce que Jean-Paul II avait lui-même affirmé de façon un peu plus nuancée lors de sa visite à la synagogue de Rome : "Vous êtes en quelque sorte nos Frères aînés".
Cela peut surprendre voire agacer. En effet, s'il est bien évident que les Juifs vétero-testamentaires sont nos Frères aînés, je dirais même nos Pères avec Moïse, Abraham et toutes les grandes figures bibliques, une telle affirmation devient beaucoup plus critiquable d'un point de vue théologique quand il s'agit des Juifs contemporains. L'Incarnation du Verbe a conduit à une séparation de fait très rapide. Saint Paul s'oppose à Pierre en préconisant l'abandon de la circoncision pour les pagano-chrétiens. Il défend avec fermeté l'unicité du christianisme et réfute l'idée de deux catégories de Chrétiens, les judéo-Chrétiens et les pagano-Chrétiens. Très vite, l'Eglise et la Synagogue s'éloignent l'une de l'autre. La distance prise entre les deux religions nous apparaît abyssale aujourd'hui.
Or, je crois que Mgr LUSTIGER, Juif dans sa chair comme pouvaient l'être les disciples du Christ, a suivi l'appel du Seigneur : " Viens et suis moi". Il lui était donc charnellement et spirituellement impossible de renier ses origines. Au fond Aaron LUSTIGER n'avait rien fait de plus ou de moins que Pierre lâchant ses filets de pêche pour emboîter les pas du Christ. Etre Chrétien et Juif à la fois n'était pas pour lui antinomique. Cela ne relevait pas pour lui d'une monstruosité. Or, il était considéré par certains Juifs comme un renégat et par certains Catholiques comme pas tout à fait catholique.
Il est intéressant de voir dans une courte vidéo le cardinal répondre à la question qui lui est posée: "Etes-vous Juif". Sa réponse est belle et émouvante. Le prélat s'inscrit dans la descendance d'Abraham, d'Isaac. Il est lumineux et son visage reflète un sourire radieux. Non, il n'a rien renié, pas plus que Pierre, Jacques, Jean et les autres disciples ont renié leur judéité. Mgr LUSTIGER réalisait l'unité du juif et du chrétien, disciple du Christ.
Nul doute que le Cardinal a dû vivre douloureusement l'incompréhension qui entoura et suivit sa conversion au catholicisme.
Pleinement Juif, de même il fut pleinement homme d'Eglise, plutôt ultramontain version conciliaire. Sa fidélité à Jean-Paul II fut sans faille. Il sut défendre la morale catholique avec fermeté et dénoncer la nocivité de l'esprit des Lumières qui exerce sur les consciences modernes son action pernicieuse et destructrice.
Homme de tempérament, il fit une mise au point publique très ferme en réponse aux propos scandaleux véhiculés par la presse sur le prétendu passé nazi de Benoît XVI. Le cardinal avait lui-même participé au conclave qui élit le Cardinal RATZINGER auu trône pontifical.
Certes, le cardinal LUSTIGER, comme nous l'avons évoqué plus haut, manqua parfois de sollicitude vis à vis des traditionalistes. Il lui a probablement manqué l'héritage culturel nécessaire pour comprendre le juste combat mené dans la tradition, si tant est que cela soit nécessaire à voir le nombre d'évêques en France, issus de familles catholiques, qui furent ou sont encore hostiles à la messe de saint Pie V et qui sont pris de crises urticantes foudroyante aux seuls mots de messe en latin et de chant grégorien. Il n'en demeure pas moins que Monseigneur LUSTIGER fut membre de l'Eglise à part entière.
Que notre prière s'élève et s'unisse à celle de toute l'Eglise pour le repos de son âme.
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