vendredi 11 janvier 2008

Nicolas et Carla

Puisque nous sommes dans le temps des vœux de début d’année, permettez-moi de vous adresser non des souhaits de santé ou de bonheur, l’un comme l’autre échappant en grande partie à notre propre volonté, mais des souhaits de courage et de pugnacitié afin que nous ne faiblissions point dans notre combat pour que vive une France fidèle à son passé mais confiante aussi dans son avenir. Le bonheur nous sera accordé à l’aune de nos efforts ; aide toi et le Ciel t’aidera.

S'agissant de bonheur, il semble que deux êtres nagent en moment en pleine félicité. Il s’agit bien entendu du chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, et de Carla Bruni. D’aucuns me diront que cet événement n’en est pas un, qu’il est tout juste au bon à alimenter les articles d’une presse à sensation, d’autres feront observer que nous touchons à la vie privée du Chef de l’état et que sa vie sentimentale ne doit pas étalée au grand public.


Les uns comme les autres ont sûrement raison, encore que le président affiche sa liaison de façon ostentatoire. Cependant, mon approche est beaucoup plus nuancée. Certes, les détails de la vie intime du couple Sarkozy-Bruni ne présentent aucun intérêt et ne peuvent que satisfaire des lecteurs friands de sensations et qui se délectent des frasques de nos « grands ». Le prince Charles, la princesse Diane, les enfants du prince Rainier et de la princesse Grace ont longtemps alimenté les pages de cette presse à grand renfort de détails sordides.


Une telle presse de caniveau incite les lecteurs à se vautrer dans un voyeurisme malsain et à se délecter des turpitudes ou les malheurs des têtes plus ou moins couronnées dont le pouvoir effectif reste très limité soit du fait des institutions, comme pour le Royaume Uni, soit de par la taille liliputienne de l’Etat. Monaco n’a jamais que la dimension d’une petite sous-préfecture de province et encore!

S’agissant du président de la république nous sommes dans une toute autre configuration. Le président détient un pouvoir réel et peut influer sur le cours des choses, s'il veut s'en donner les moyens, mais ceci est une autre affaire. Nous ne pouvons donc pas faire l’économie d’un commentaire non pas sur la relation sentimentale en elle-même mais sur le contexte dans lequel celle-ci a pris naissance et s’est développée et sur ses implications politiques.

Politique et monde du show-bizz

Nous observons depuis plusieurs années déjà que les politiques nouent des relations sentimentales avec des personnes issues du monde médiatique. La télévision est bonne marieuse dans ce domaine. Dominique Strauss-Kahn, François Baroin, Jean-Louis Borloo, Douste-Blazy, Bernard Kouchner, autant de personnages politiques de premier rang qui ont noué des liens avec des femmes du monde de la télévision.

En allant séduire un ancien mannequin, Nicolas Sarkozy innove de manière fracassante. Probablement au nom de la rupture qu’il a préconisée tout au long de sa campagne électorale.

Nous voici, en effet, dans une grande première avec chef de l’Etat qui affiche ostensiblement sa liaison avec une jeune femme appartenant au milieu du show-bizz.

La liaison entre le chef de l’Etat et l’ancien mannequin dont la vie privée pour le moins sulfureuse, est révélatrice de la dérive du monde politique de plus en plus lié avec le monde du spectacle et celui de la télévision, lesquels présentent au demeurant bien des similitudes. On peut même de se demander dans quelle mesure cette dérive n’est pas inscrites génétiquement dans le fonctionnement d’une démocratie telle que nous la vivons dans les pays occidentaux.

La télévision, en particulier, a profondément modifié la physionomie des campagnes électorales. Jadis un les électeurs se contentaient de la presse écrite et des rares interventions télévisées. Lorsqu’on revoit les images délicieusement surannées de la campagne pour les élections présidentielles de 1965, nous mesurons le fossé qui sépare cette époque de celle d’aujourd’hui. La télévision est devenue le passage hautement obligé de tout candidat à l'élection présidentielle.

En 1965, le général De Gaulle briguait un deuxième mandat mais pour la première fois dans notre histoire l’élection du chef de l’Etat se faisait au suffrage universel. C’est précisément ce mode d’élection qui a bouleversé en quarante ans l’esprit même du suffrage universel, devenu le champ d’action des publicitaires, des marchands d’illusion, des vendeurs de slogans, des adeptes des promesses ronflantes qui n’engagent que les crédules qui veulent bien y croire.

Europe et mondialisation obligent, nos gouvernants ont perdu la quasi-totalité de leurs pouvoirs régaliens. Jean-Claude Trichet, gouverneur de la banque centrale européenne, est beaucoup plus influent que ne peut l’être Nicolas Sarkozy et c’est bien ce qui agace ce dernier qui le lui fait sentir au demeurant.

La politique est donc devenue un vaste spectacle ou les vrais enjeux sont avant tout les ambitions des uns et des autres et l’attrait d’un bon fromage. Une fois arrivé à la charge suprême, les présidents gèrent leur mandat comme ils peuvent. François Mitterand fut vite frappé par la maladie et ses deux septennats furent une belle partie de poker menteur avec les Français pour cacher la maladie et pour dissimuler sa double vie. Jacques Chirac, foin de la fracture sociale, s’installa douillettement dans le confort élyséen tandis que le judoka Douillet opérait avec Bernadette Chirac et ses pièces jaunes une savante reconversion au terme de sa carrière sportive.

Par tempérament Nicolas Sarkozy est tombé dans l’agitation vibrionnaire. Le matin à Paris, le soir à Berlin, le lendemain sur l’île de Malte; un jour à Tripoli, le jour suivant en Espagne, reçu par Benoît XVI entre deux rendez-vous, il n’a pas oublié pour autant ses amitiés et ses soirées parisiennes qui lui ont permis de rencontrer la belle Carla. Divorcé un jour, il est quasiment remarié le lendemain. On comprend mieux le sobriquet que d'aucuns lui ont collé: "Speedy Sarko".

Le monde du show-bizz et celui du journalisme ne se distinguent pas par leur attachement aux valeurs traditionnelles, c’est le moins que l’on puisse dire. On admet que 90 % des journalistes ont le cœur à gauche, parfois même très, très à gauche. Les vedettes du spectacle sont d'un conformisme de pensée proprement affligeant. Ce n'est pas demain que l'on verra un chanteur ou une actrice prendre fait et cause pour Jean-Marie Le Pen ou Philippe de Villiers. La presse comme la télévision ou la radio véhiculent une idéologie de gauche, même quand certains journaux se réclament de droite.

On peut donc se demander quelles peuvent être les convictions profondes de notre président au regard de ses amitiés ou de ses amours. Dis moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es.

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