dimanche 20 janvier 2008

Benoît XVI et l' université de la Sapienza

Comme chacun sait, le pape Benoît XVI a renoncé à la visite qu'il devait effectuer à l'université de la Sapienza à Rome le jeudi 17 janvier, en raison de la violente opposition qui s'est faite parmi certains professeurs et étudiants qui dénonçaient "l'incroyable violation de la tradition d'autonomie des universités". La mauvaise foi de l'argument n'a d'égal que le comportement haineux de gauchistes manifestant sur la voie publique affublés d'ornements sacerdotaux et de mitres et exhibant des affichettes sur lesquelles on peut lire Maledictus XVI.

J'ose espérer que cette université n'ouvrira plus désormais ses portes à qui que ce soit, au nom, bien sûr, de l'autonomie. Il y a là, manifestement, un signe de grande ouverture intellectuelle pour des individus qui se veulent hommes de sciences et qui dans le même temps dénoncent l'obscurantisme de l'Eglise qui condamna Galilée.

Dont acte! On observera que la haine du catholicisme se porte bien aujourd'hui, y compris en Italie terre relativement préservée en raison du poids de l'Eglise italienne et du rayonnement de la papauté sur la péninsule.


Interrogé sur la chaîne italienne RAI Uno, le cardinal Camillo Ruini a d'abord rappelé l'unité de toute l'Eglise italienne derrière le Saint Père dans la prière. Il a ensuite déploré l'intransigeance de ceux qui se sont opposés à la venue du pape. L'université est et doit être, selon le cardinal Ruini, un espace privilégié de liberté d'expression dans le respect réciproque des convictions des uns et des autres.




Le cardinal Camillo Ruini actuel vicaire général pour le diocèse de Rome et président de la conférence épiscopale italienne jusqu'en 2007.


Comme de bien entendu, les scientifiques ont exploité la vieille affaire Galilée (elle commence singulièrement à sentir le réchauffé) en rappelant les propos tenus par celui qui était à l'époque le cardinal Ratzinger, lequel, reprenant une affirmation de Feyerabend, philosophe des sciences d'origine autrichienne, avait déclaré le 15 mars 1990 à Parme que l'Eglise s'était montrée plus fidèle à la raison que Galilée lui-même.

Pour ceux qui pensent en toute bonne foi que l'Eglise a condamné Galilée par obscurantisme, je cite cet extrait d'un article de M. l'abbé Demets qui remet parfaitement les choses à leur véritable place :

"Galilée n’a donc jamais été condamné pour avoir affirmé que la Terre tourne autour du Soleil car cette affirmation relève des sciences positives ( astronomie ) et non de la foi. Certes, des passages de l’Ecriture semblent indiquer le contraire, mais les théologiens ont toujours reconnu que l’Ecriture s’exprime souvent selon l’opinion courante, par exemple quand on parle temporellement de Dieu, qui est pourtant éternel. Dans le langage courant, nous disons bien que le Soleil se lève ou se couche. Or nous savons bien que ce n’est qu’une métaphore, puisque cette impression de Soleil levant ou couchant nous est en réalité donnée par la rotation de la planète. La Bible emploie très souvent un langage imagé pour décrire une réalité. Il s’agit encore une fois de ne pas être littéraliste.


A partir de 1611 Galilée milite pour le système de Copernic ( 1473 – 1543 ). Ce dernier avait émis l’hypothèse de l’héliocentrisme pour expliquer le mouvement des planètes. Ainsi la Terre ne serait plus au centre du monde, comme on le pensait jadis. Mais jamais cela ne fut considéré comme une vérité révélée à croire de foi divine. Or voici qu’en 1623 un ami personnel de Galilée, Maffeo Barberini, devint Pape sous le nom d’Urbain VIII. Galilée insiste alors auprès de son ami pour que ses thèses soient proclamées « d’Eglise » ce que le Pape ne peut absolument pas accepter. Etant gardien de la foi, il ne peut nullement faire passer pour article de foi ce qui n’est qu’une hypothèse scientifique. Imaginez le tollé que cela provoquerait si de nos jours Jean Paul II érigeait en dogme d’Eglise une hypothèse scientifique, même reconnue par tous les savants. On crierait à la confusion dans l’ordre du savoir et on reprocherait à l’Eglise de se prononcer sur un domaine qui ne la concerne pas directement. Et bien le Pape Urbain VIII a justement voulu éviter cela.


En 1630 Galilée explique le mouvement de la Terre par le phénomène des marées. Il enseigne cette théorie publiquement, comme étant vraie. Or il se trouve qu’elle est fausse comme le montrera Newton par la suite. On demande alors à Galilée de ne présenter ses théories que comme des hypothèses et de renoncer à commenter la Bible. Galilée persistant malgré tout, le Saint-Office ouvre un procès. Il est condamné à renoncer au système de Copernic qui n’était pas encore prouvé, et est assigné à résidence dans sa villa de Toscane. Ce fut certainement une sage sentence, peut être due à l’intervention du Pape, son ami, car à ce moment, Galilée âgé de 69 ans voyait très mal et ne pouvait se déplacer que difficilement. Il put ainsi se retirer tranquillement chez lui, loin de toutes polémiques, pour continuer son travail, ce qui lui permit de rédiger son Traité de mécanique. Quant à l’affirmation « Et pourtant, elle tourne ! », il ne l’a jamais prononcé. Ce mot lui a été attribué au XVIIIè siècle par les ennemis de l’Eglise. "

On ne peut, dès lors que l'on connaît les véritables ressorts de l'affaire Galilée, que souscrire entièrement aux propos du cardinal Ratzinger. L'Eglise aurait eu bonne mine en proclamant comme vérité de foi une thèse scientifique qui se révélera fausse par la suite!


Il est donc bien évident que l'Eglise fit preuve dans cette affaire de beaucoup de sagesse et de raison, ce qui fut loin le cas de Galilée qui faillit pour le moins aux vertus de prudence et d'humilité.

Galileo Galilei 1564 - 1642

Dans le dernier livre qu'il écrivit en tant que cardinal, Benoït XVI nous livre quelques réflexions intéressantes sur la foi et la raison qui sont loin de s'exclure mutuellement.

"Il existe des pathologies de la religion : nous le constatons; il existe des pathologies de la raison : nous le constatons également. Ces deux pathologies sont fatales à la paix.[...] Dieu, ou la divinité peut devenir une façon de rendre absolus le pouvoir ou les intérets personnels. [...] Mais il existe aussi une pathologie : celle de la raison totalement détachée de Dieu. [...]


1. Nous l'avons vu, il existe dans la religion des pathologies hautement dangereuses; il est par conséquent nécessaire de considérer la lumière divine de la raison comme une sorte d'organe de contrôle, par lequel la religion doit chaque fois se laisser purifier et réguler, comme le pensaient aussi, d'ailleurs, les Pères de l'Église. Mais de nos consi­dérations est également apparu - et l'humanité d'aujourd'hui ne s'en rend pas compte, en général - le fait qu'il existe aussi des pathologies de la raison, une hybris (sic) de la raison qui n'est pas moins dangereuse; bien plus, si l'on considère ses effets potentiels, elle est encore plus dangereuse : la bom­be atomique, l'homme pur produit. C'est pourquoi la raison doit, elle aussi, être renvoyée à ses limites, et apprendre à se rendre disponible pour écouter les grandes traditions religieuses de l'humanité. Si elle s'émancipe totalement, si elle renonce à cette disponibilité, si elle renonce à cette interdépen­dance, elle devient alors dévastatrice.

Kurt Hübner a récemment exprimé cette exi­gence disant que soutenir cette thèse ne signifie pas aussitôt qu'il faille " revenir à la foi ", mais qu'ainsi " on se libère de l'aveuglement de notre époque, voulant que la foi n'ait plus rien à dire à l'homme d'aujourd'hui sous prétexte qu'elle contredirait l'idée qu'il se fait de la raison, de la rationalité et de la liberté ". Aussi, je parlerais volontiers d'une nécessaire interdépendance de la raison et de la foi, de la raison et de la religion, appelés à se purifier mutuellement, à se guérir réciproquement; elles ont besoin l'une de l'autre, et toutes deux doivent le reconnaître
."


Tout d'abord, je suggère aux laïcistes enragés de s'imprégner de ces lignes remarquables de pondération et de sagesse; cela leur épargnera de montrer au grand jour l'intolérance et le sectarisme dont ils font preuve et qu'ils croient avoir discernés dans l'Eglise, au temps de Galilée comme aujourd'hui.


Enfin il nous faut soutenir ardemment par la prière notre pape bien-aimé comme il nous l'a demandé au soir de son élection afin qu'il trouve en lui et par la grâce de Dieu la force indispensable pour mener le combat de la Vérité.

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