mercredi 29 août 2007

Le livre de la Genèse de X à Y


Avertissement

Aujourd'hui permettez-moi une petite extravagance. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur. Cet article ne saurait avoir quelque valeur scientifique, son auteur n'étant pas qualifié pour. Il n'a pas davantage de prétentions théologiques pour les mêmes raisons. Il n'est ni plus, ni moins qu'un divertissement spirituel, une flânerie de la pensée, certains écriront fl-âneries. Pourquoi pas, même si au-delà d'une simple réflexion rigoureusement personnelle certains propos sont loin de relever de la fantaisie d'esprit! La référence, à la fin de cet article, au Christ mort sur la Croix pour le salut des hommes le montre clairement.




Liber Genesis


Nous croyons tous connaître le livre de la Genèse, notamment à travers l'épisode de la pomme qu'Eve offrit à Adam, ce qui fut à l'origine de tous nos malheurs. Peut-être, mais encore faut-il rappeler que nulle part la Bible ne parle de pomme! Le chapitre II de la Genèse évoque l'arbre de la connaissance du bien et du mal ainsi que son fruit. Ainsi la Biblia Sacra Vulgatae Editionis fait mention du fructus, sans autre précision. Il est bien évident que l'origine du péché qui conduisit l'humanité à sa déchéance provisoire ne se confond pas avec une vulgaire pomme chapardée sur un arbre comme bien des gamins ont pu le faire à la campagne, au détour d'un chemin.


Première page de la Bible sur laquelle je travaille. C'est une édition de la Vulgate datant de 1680 imprimée à Lyon par les frères HUGUETAN

De même, quand nous disons aux femmes que Dieu créa les en dernier lieu, après les animaux, selon la Genèse, elles manifestent aussitôt leur indignation. Pour un peu elles intenteraient un procès au Créateur pour comportement misogyne. Dans un jeu de très bonne facture et très populaire sur la chaîne italienne RAI Uno, une question avait été posée sur ce point. Les femmes présentes sur le plateau parmi les spectateurs de l'émission poussèrent un cri horrifié en apprenant que la bonne réponse concernant la place des femmes dans l'ordre chronologique de la création les plaçait au dernier rang.

Le présentateur de l'émission avec beaucoup d'à propos calma l'ire féminine en ajoutant: oui mais il fallait du temps au Bon Dieu pour parvenir à la perfection dans l'ordre la création!

Voilà pour l'aspect anecdotique. Ceci étant, je confirma bien, sans la moindre arrière-pensée machiste, Mesdames, que vous fûtes créées en dernier lieu. Et alors, me direz-vous qu'est ce que cela change? Tout et rien en même temps comme nous allons le voir.

Ceci nous montre que nous avons tous une connaissance très superficielle du livre de la Genèse qui se résume en fait à quelques schémas caricaturaux: la pomme, le serpent autour de l'arbre et Adam et Eve chassés de l'Eden, arborant pour tout vêtement une modeste feuille de vigne afin de cacher une nudité devenue insupportable. Que dire de la connaissance des textes moins connus de l'Ancien Testament, des psaumes et même des évangiles canoniques? Mais ceci est un autre sujet et revenons en à ce qui nous intéresse dans l'immédiat.

Le livre premier de la Genèse demeure plutôt laconique quant à la création de l'Homme (J'utiliserai la majuscule chaque fois que je ferai référence à l'être humain, homme ou femme indifféremment, et la minuscule pour l'homme au sens sexué du terme - vir en latin par opposition à mulier - ).



La création d'Adam par Michel-Ange ( Le Vatican Chapelle Sixtine)


Toutefois, la Bible devient nettement plus précise au chapitre second. Elle nous révèle en effet trois choses:
1 Dieu forma l'homme de la poussière et lui souffla dans ses narines un souffle de vie (création d'Adam)

2 Il se rendit compte après avoir donné vie à Adam que celui-ci était seul et que cela n'était pas bon alors que le livre premier nous indique qu'à chaque étape de la création, le Père des Cieux vit que cela était bon, y compris le sixième jour qu'il consacra à la création de l'homme: " Dieu vit que cela était bon comme pour les jours précédents. Et il y eut un soir et il eut un matin: ce fut le sixième jour. "

3 Pour la création de la compagne d'Adam, Dieu endormit l'homme, lui prit une de ses côtes et referma la chair. De la côte prélevée sur Adam, Yahweh forma la femme et l'amena à l'homme.


Des trois points du récit bibliques nous pouvons déduire de prime abord avec un peu d'humour que, par rapport à l'observation numéro 2, Dieu était quelque peu distrait quand il créa l'homme. Il n'avait pas pensé que celui-ci pourrait s'ennuyer seul et qu'il lui faudrait une aide semblable à lui. Soyons indulgents vis à vis de Notre Père dans les Cieux puisque la Bible nous précise qu'au septième jour Dieu se reposa. C'est donc qu'il en éprouvait le besoin, après avoir consacré les six premiers jours à l'oeuvre de sa création, tâche probablement épuisante.


Voulant réparer son oubli, Dieu fit défiler la création devant Adam. La Bible du chanoine Crampon qui est une traduction à partir de la Septante rédigée en grec et des textes hébreux nous dit ceci:

Yahweh Dieu dit : " Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui." Et Yahweh Dieu, qui avait formé du sol tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, les fit venir vers l'homme pour voir comment il les appellerait et pour que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme. Et l'homme donna des noms à tous les animaux domestiques, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs; mais il ne trouva pas pour l'homme une aide semblable à lui. Alors Yahweh Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit, et il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. De la côte qu'il avait prise de l'homme, Yahweh Dieu forma une femme, et il l'amena à l'homme. Et l'homme dit: " celle-ci cette fois est l'os de mes os et la chair de ma chair! Celle-ci sera appelée femme, parce qu'elle a été prise de l'homme. " C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et il deviendront une seule chair. (Chapitre II, versets 18 à 24).



Ce passage nous montre bien les points que j'ai soulignés plus haut.

Dieu se rend compte après coup que la solitude de l'homme n'est pas une bonne chose.

Il fait donc défiler devant Adam toute la création animale afin de lui trouver une aide semblable à lui et faute d'avoir trouvé l'être satisfaisant, il prend la décision de créer un nouvel être, la femme, acte ultime de la création.
Observons au passage, que cette séquence de la Bible soulève plusieurs questions.
Dieu semble avoir "oublié" au départ que l'homme avait besoin d'une compagne. Etonnant d'un point de vue théologique quand sait Dieu omniscient!
Nul doute qu'il s'agit d'un oubli apparent dans le dessein de Dieu.


Dieu fait défiler la création animale. Il est bien évident qu'il n'entend pas cet acte donner une compagne à l'homme et encore moins imaginer par cette solution répondre à la nécessité du principe de génération, ce qui serait une pure abomination. D'ailleurs la Bible, à ce moment là, ne parle que d'aide (adjutor) pour l'homme. On peut en déduire que Dieu n'a pas encore envisagé la question de la reproduction du genre humain. Là encore cela paraît très surprenant. La Bible nous laisserait même supposer que c'est l'homme qui, découvrant "l'os de ses os et la chair de sa chair" institue l'acte de génération!


Enfin, Dieu aurait pu opérer pour la femme comme pour l'homme. Curieusement, il préfère endormir l'homme et en extraire une côte pour la façonner. Faut-il y voir la volonté de bien marquer l'unicité et la particularité du genre humain? L'homme a été créé une seule fois pour toutes! Il n' y aura pas une création bis.



La génétique


Quittons le domaine de la religion et tournons-nous vers la science moderne. Celle-ci nous enseigne que l'information génétique de l'être humain est contenue dans 46 chromosomes, organisés en 23 paires. La paire de chromosomes de la différenciation sexuelle est identifiée par les lettres X et Y.


Les cellules reproductrices ou gamètes, c'est à dire les spermatozoïdes chez l'homme et l'ovule chez la femme, ne comportent qu'un seul chromosome de type X ou Y. Le spermatozoïde peut être porteur d'un chromosome X ou Y tandis que l'ovule de la femme est toujours du type X.


Partant de là, nous savons qu'à la fécondation nous aurons deux cas de figures possibles:


1 Le spermatozoïde comporte un chromosome X. Associé à l'ovule qu'il va féconder il donnera naissance à un oeuf, aussi appelé zygote, constitué par une paire XX, donc une femme.


2 Le spermatozoïde comporte un chromosome de type Y. Son association avec l'ovule, toujours porteuse d'un chromosome X donnera un oeuf de type XY, donc de sexe masculin.

Résultats des croisements possibles entre gamètes masculins et féminins


Comparons maintenant la structure chromosomique de l'Homme avec le récit de la Genèse.


Genèse et génétique


Nous noterons au passage que les deux termes ont la même étymologie et proviennent du grec genos qui signifie au sens premier naissance mais revenons à la création d'Adam; le modus operandi divin comporte deux actes nettement différenciés:


- un acte plastique qui consista à modeler le corps humain à partir de la poussière, le texte latin de la Vulgate, plus explicite, dit "de limo terrae" ( à partir du limon de la terre).


- un acte " spirituel " qui se traduisit par l'insufflation dans les narines d'un souffle de vie. Le latin parle de spiraculum vitae. or spiraculum vient de la racine spir que l'on trouve dans les mots tels que spirare (respirer en français) et bien évidemment spiritus (esprit) dont le sens premier est souffle de l'air ou du vent et qui prend le sens second d'esprit qu'on lui connaît.


Lorsque Dieu crée la femme, nous avons vu qu'il se borne à endormir Adam, (premier acte anesthésique chirurgical de l'histoire de l'humanité bien avant que la médecine moderne ne le mette au point), pour en extraire une côte. L' opération divine, dans tous les sens du terme, se résume à un unique acte matériel, à l'exclusion de toute intervention spirituelle.



On peut en déduire de façon logique que la structure XY de l'homme porte la trace de l'action matérielle et spirituelle. Le chromosome X serait la marque de l'acte matériel du plasmator qui a façonné la matière (Pensez à l'hymne des Vêpres du vendredi Plasmator hominis Deus) tandis que le chromosome Y marque l'action spirituelle, toujours au sens de souffle de vie. Je tiens, par précaution, à apporter cette précision car comme je me suis fais remarquer au début de mon article en rappelant la place de la femme dans l'ordre de la création, je ne voudrais pas aggraver mon cas en laissant sous-entendre que la création de la femme n'ayant été précédée d'aucun acte spirituel, il en résulterait que la femme ne serait point dotée d'esprit.



Non, Mesdames, soyez rassurées, je n'ai jamais pensé cela!


En fait, l'acte spirituel s'est réalisé une seule fois pour toutes dans la création d'Adam. On pourrait dire que cet acte est en quelque sorte celui par lequel la matière devient "informée" au sens où elle reçoit une information qui la rend vivante et lui donne sa caractéristique humaine. Il s'agit de la forme au sens aristotélicien et thomiste. En prélevant la côte, Dieu prend de la matière déjà informée, ce qui ne nécessite plus d'acte spirituel. son action créatrice est alors uniquement plasticienne. La structure chromosomique de la femme porterait alors la trace de la double action plastique; la première pour la réalisation d'Adam in corpore, la seconde pour l'achèvement de la nature humaine par la création de la femme dont tous s'accordent à lui reconnaître une plastique incomparablement supérieure à celle de l'homme au plan esthétique.


Dieu en quelque sorte avait dans son oeuvre première créé le prototype. Il paracheva son oeuvre en peaufinant le modelé féminin dont on peut supposer l'éblouissante beauté puisque Adam comme Eve avaient reçus des dons préternaturels qu'ils perdirent du fait de la commission du péché originel. Ces dons particuliers (impassibilité ou impossibilité de souffrir , harmonie du corps et de l'esprit, science infuse) leur conféraient, dit saint Jean Chrysostome une grâce céleste qui les couvrait comme un spendide vêtement.


Ne nous étonnons donc pas de l'enthousiasme, du coup de foudre même, d'Adam découvrant sa compagne et s'écriant: " Celle-ci est cette fois l'os de mes os et la chair de ma chair! "


Les évolutionnistes ricaneront à la lecture de ces lignes, les créationnistes rationalistes hausseront les épaules. Peu importe! J'ai pris le soin de dire en exergue que mes propos dans cet article n'ont aucune valeur, ni au plan théologique, ni au plan scientifique. Il s'agit ici d'un clin d'oeil, entre Genèse et génétique àpartir d'un rapprochement qui m'est fortuitement venu à l'esprit il y a quelques temps.

A propos, avant de conclure, permettez-moi de vous rappeler un passage du Nouveau Testament, cette fois, tiré du chapitre premier de l'évangile selon saint Matthieu.



Angelus Domini nuntiavit Mariae!


Oui, il s'agit de l'Annonciation faite à Marie par l'Ange Gabriel, ce temps fort qui précède et annonce la venue du Messie sur Terre et que l'Eglise dans sa prière récite trois fois par jour.



L'Annonciation de Botticelli


Saint Matthieu nous relate l'apparition de l'Ange et l'étonnement de Marie à l'annonce de sa prochaine maternité. " Comment cela se fera t-il car je ne connais point d'homme?" L'Ange lui répond alors: " Le Saint Esprit surviendra en Vous et la vertu du Très Haut Vous couvrira de son ombre; c'est pourquoi le fruit saint qui naîtra de Vous sera appelé le Fils de Dieu." (Chapitre I, versets 34 et 35)

Et concepit de Spiritu Sancto récitons nous à l'Angelus!


Peinture Ecce Homo



Une fois de plus, l'Ecriture Sainte nous relate une création opérée sur un acte double: Jésus naît de Marie par la chair - acte matériel - et par la vertu du Très Haut - acte spirituel. Acte matériel (X) plus acte spirituel (Y), le Christ ne peut être qu'un homme. Dieu n'a réalisé que deux fois seulement l'acte ex opere Spiritu Sancti. La première fois pour la création du premier Homme, la seconde fois pour la restauration de l'humanité déchue par le biais de Verbe Incarné. Il ne recourt à l'action de l'Esprit Saint que pour les occasions les plus graves.



En créant l'homme, Dieu lui remet le pouvoir de la différenciation sexuelle, car seul l'homme détient la clef X ou Y. En créant la femme, Dieu lui donne le pouvoir de dire oui ou non, ce que fit au demeurant Marie qui répondit à l'Ange Gabriel par le " Fiat mihi secundum Verbum Tuum! " - Qu'il me soit fait selon votre parole.

Ecce Homo, dira par la suite Ponce Pilate au moment où Jésus s'offre en Sacrifice Suprême pour le salut de l'humanité. Sans le vouloir, le procurateur de Judée avait attribué au Christ, vrai Homme et vrai Dieu, la plénitude du genre humain reçue par le Saint Esprit et la Vierge Marie.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

beaucoup appris