vendredi 30 novembre 2007

Patience

Chers amis lecteurs,
L'achat d'un nouvel ordinateur est source de fastidieuses opérations de configuration afin de transférer les logiciels de l'ancien P.C vers le nouveau. De multiples menus problèmes techniques apparaissent à ce moment là et exigent de longues heures de travail.
C'est la raison pour laquelle j'ai cessé momentanément de publier des articles que j'avais en préparation. mon nouvel ordinateur est prêt. Je reprendrais donc mes chroniques dès la fin de cette semaine avec une réflexion sur la loi humaine et la loi divine.
Je vous dis donc à très bientôt.

lundi 19 novembre 2007

Chronique de la vie quotidienne

L'autre jour je m'aperçois que mon téléphone portable est bloqué. Tant pis c'est de ma faute. J'ai complètement oublié de payer la facture qui était restée sagement dans son tiroir de rangement parmi d'autres factures en instance. Ce courrier est en général très abondant surtout en fin d'année où il s'agrémente de courriers de teinte verte - cela fait tellement plus écolo - à entête du Trésor Public.


Bref, ma facture de téléphone qui, elle, est plutôt orange est restée en souffrance et l'opérateur se rappelle à mon bon souvenir de façon radicale. Il est vrai que j'utilise assez peu le téléphone cellulaire. Je le prends quand je sors. C'est une sécurité au cas où. Il est pratique en vacances mais il se trouve que je ne suis pas en vacances 365 jours par an même si je suis désormais retraité. C'est pourquoi j'ai un modèle rudimentaire qui me semble déjà assez compliqué comme cela. On ne m'enlèvera pas l'idée que pour téléphoner il vaut mieux utiliser un téléphone et pour prendre des photographies se servir d'un appareil photo. Cela tombe sous le sens. Alors utiliser un téléphone pour prendre des photos, ou prendre son appareil photo pour téléphoner (c'est une question de point de vue, ce qui soit dit en passant va renforcer le relativisme ambiant) pensez donc! On nous fait maintenant des portables qui en plus de la photo font caméra, récepteur de télévision et que sais-je encore. A quand les appareils qui feront en plus machine à laver et fer à repasser? Moyennant quoi nos portables sont livrés avec une notice d'emploi qui va bientôt s'apparenter à un manuel de bord pour équipage de Boeing 747!


Revenons-en à ma facture, je m'écarte de mon propos mais il y aurait tellement à dire sur ces portables qui sont le reflet d'une société bien malade. Nous sommes samedi matin. Qu'à cela ne tienne je vais appeler l'opérateur pour régler directement par carte bancaire. Comme çà le téléphone sera débloqué. On peut appeler ledit opérateur à partir du portable c'est gratuit. Je ne peux pas puisque le mien est frappé d'interdiction! Je me rabats sur la ligne fixe. C'est payant. Tant pis mon vieux, la prochaine fois tu feras attention à ta facture!


Je compose un numéro pour me retrouver aussitôt dans un parcours labyrinthique. Une voix suave vous débite des banalités dont vous n'avez que faire mais ça fait durer la communication et pendant ce temps le destinataire engrange des sous. Il n'y a pas de petits profits. Puis la même voix me demande afin de me faire identifier de composer sur le clavier de mon téléphone les 10 chiffres de mon numéro de portable. Et c'est parti...zéro...six...zéro...huit...cinq... trois... zut! Il n'a pas affiché le cinq! J'efface et je recommence. Enfin on y arrive. Mais comme j'ai dépassé le temps imparti la voix anonyme me dit :"nous n'avons pas reconnu votre numéro, veuillez recomposer à nouveau...etc". Très discipliné je m'exécute. Enfin j'entends la voix à nouveau: "si vous appelez pour un abonnement tapez 1, si etc...tapez 2, si... si et si. Comme aucune proposition ne correspond à l'objet de mon appel je demande à parler à un conseiller. Je tape la touche correspondante. Toujours cette même voix féminine m'annonce que toutes les lignes sont occupées et que le délai d'attente est estimé à 5 minutes. Au point où j'en suis je vais attendre un peu. En plus pour le même prix j'ai droit à une musique, c'est épatant, non? Même si cette musique finit par vous taper sur les nerfs au bout de deux minutes. Le temps passe encore et de nouveau la voix féminine " Toutes nos lignes sont occupées, que faire? Vous pouvez rappeler un peu plus tard, vous pouvez nous appeler sur notre site www etc... Vous pouvez...vous pouvez et puis la voix s'arrête et tout est coupé. Bip bip bip. Vous avez passé 10 minutes pour rien et vous avez payé une communication à 0,15 euro la minute ou plus je ne sais plus.


Allons sur internet sur le site de l'opérateur. Au moins c'est gratuit! Je me connecte. Je clique sur "clients" puis "accéder à mon compte". Ah on me demande mon numéro de téléphone et mon mot de passe. Je compose mon numéro. Le mot de passe je ne sais plus, je n'ai pas consulté ce site depuis une éternité. En général j'utilise le même mot de passe sur tous les sites. Je ne sais pas si c'est bien prudent mais je n'ai pas envie de traîner un répertoire en trois volumes contenant tous les mots de passe et codes que l'on me demande quotidiennement et souvent pour accéder à des sites généralistes sans aucun caractère confidentiel.
Manque de chance, ce n'est pas mon mot de passe habituel. Comme je ne m'en souviens absolument pas je clique sur "vous avez oublié votre mot de passe". On me demande une nouvelle information du type l'âge de votre voisine de palier. J'entre l'information et je valide. C'est parti. En retour un message s'affiche. Votre mot de passe vous a été adressé directement sur votre téléphone portable!!!??? Cherchez l'erreur. Je veux payer pour débloquer ma ligne et on m'envoie le mot de passe sur cette même ligne bloquée.


Du coup, j'abandonne, pour aujourd'hui j'ai ma dose ! Finalement j'ai découpé le TIP joint à la facture, je l'ai rempli et je l'ai posté. Ca mettra un peu plus de temps. Après tout je ne suis pas pressé. Je me suis passé de portable pendant 45 ans. Je peux bien m'en passer 15 jours. Et si je m'en passais définitivement. Je vais y réfléchir. Je n'aurais plus à payer dans ma facture de téléphone les cachets publicitaires pharaoniques d'un joueur de football retraité qui est parti naguère, un soir d'été, sur un coup de tête.


Même jour samedi après midi. Nous filons au centre commercial de la Valentine sur l'autoroute en direction d'Aubagne. La Valentine. Il y a toujours le vieux village, celui que le petit Marcel Pagnol traversait après être descendu du tram qui l'avait amené de Marseille, quand il montait avec ses parents et son frère Paul aux Bellons leur maisonnette de vacances sur les flancs du Garlaban. Aujourd'hui il y a une autoroute, un centre commercial, des immeubles et les flancs du Garlaban se sont singulièrement couverts de constructions pas toujours très heureuses. Ah pauvre Marcel Pagnol, s'il revoyait aujourd'hui les lieux de son enfance!


Nous allons au centre commercial car j'ai décidé de remplacer mon ordinateur qui commence à dater par un nouveau P.C plus adapté à mes besoins. pensez l'ancien doit voir trois ans et demi. C'est une vraie pièce de musée. Je vais dans un magasin que sa publicité vante pour son célèbre contrat de confiance. S'ils le disent c'est que c'est vrai! Faisons donc confiance!


Discussions, comparaisons je me décide j'opte pour un appareil ACER. Il paraît que c'et le top du top, à en croire le vendeur. Je jugerai sur pièces. En attendant les caractéristiques techniques me conviennent. Je prends. Cinq minutes après le vendeur revient. Désolé nous n'en avons plus en réserve. Le dernier est parti il y a un quart d'heure mais je vous propose de le prendre dans un autre magasin. Nous nous installons de part et d'autre d'un bureau coincé entre deux rayons de marchandises. A Marseille Cantini, ils sont aussi en rupture de stock par contre il reste encore des modèles disponibles à Aubagne. Tant pis, j'irai à Aubagne. Cà me prendra une demi-heure de plus. Nous filons sur Aubagne. Un samedi après-midi à l'approche des fêtes de fin d'année, il y a du monde et ça roule mal. Tant bien que mal, je trouve le magasin et je prends en compte, après trois signatures, le colis qui m'attendait.


Retour à la maison. Je démonte l'ancien matériel. Je branche le nouveau P.C. J'appuie sur le bouton de mise en marche. Rien! Nada!Ecran noir total sur le moniteur! Je vérifie mes branchements, je teste avec un autre moniteur. Toujours rien. Je vais appeler tout de suite le vendeur. Je ne trouve nulle part le numéro de téléphone du magasin, ni sur la facture, ni sur le bon de garantie. J'appelle la ligne service après vente. Ah cette fois c'est une voix masculine et ça marche par reconnaissance vocale :"si vous appelez pour un téléviseur dites téléviseur". On sent d'entrée de jeu une relation très personnalisée entre le fournisseur et le client. Je tombe sur une opératrice et je lui débite mon histoire. Elle prend note et me dit qu'elle va me mettre en liaison avec un technicien. Musique. Je poireaute quelques minutes. L'opératrice revient et m'annonce que tous les techniciens sont occupés et me propose de rappeler dans une demi-heure. Une demi-heure plus tard je rappelle. Ce n'est plus la même opératrice. Cette fois-ci j'ai affaire à une voix masculine. Je raconte à nouveau mon histoire et l'opérateur de me répondre qu'ils sont saturés en raison de la grève et me demande de rappeler lundi matin. La grève? Qu'est ce que ça vient faire? Vous êtes fournisseur, vous êtes liés par des obligations vis à vis de votre clientèle. Et votre fameux contrat de confiance qu'est ce que vous en faites? Grève ou pas grève je n'ai pas à entrer dans ces considérations. Et l'opérateur de me répondre que je suis en liaison avec un centre situé en région parisienne qui tourne en sous effectif ce jour là, bon nombre de leurs techniciens n'ayant pu se rendre sur leur lieu de travail à cause de la grève qui sévit dans les transports publics.


Aujourd'hui lundi. Un technicien m'a appelé à 8 heures. Il me fait procéder à quelques manipulations techniques. Sa voix est absente. Il constate ce que je savais depuis samedi, à savoir qu'il y a un vice dans l'appareil et me dit qu'un technicien passera mercredi. Mon sang ne fait qu'un tour. Désolé, monsieur, j'ai acheté un produit neuf, il ne fonctionne pas. Je ne vais pas attendre trois jours. Il y a un vice manifeste. Je tiens à rapporter l'appareil au magasin et qu'on procède à un échange standard. Le technicien me dit alors de sa voix monocorde: "Dans ce cas j'annule l'intervention et vous rapportez l'appareil au magasin". je l'entends pianoter sur son clavier. J'arrête là la communication.


Cet après-midi j'irai donc rapporter l'ordinateur à Aubagne, mais je sens que le parcours du combattant n'est pas fini et que l'échange standard n'est pas inscrit dans la culture de cette maison malgré son contrat de confiance. J'opterai pour ma part plutôt pour un contrat de défiance.


En attendant quelle belle société s'annonce avec le règne de la communication numérisée! Je plains les jeunes générations car nous ne sommes qu'au début de ce phénomène.

Vous avez appelé la police ne quittez pas. Il m'est arrivé de l'appeler et j'ai eu ce message pendant de longues minutes alors qu'il avait urgence. Et il paraît que c'est le progrès! Bravo!

samedi 10 novembre 2007

11 novembre 1918 - 11 novembre 2007


Wir haben die Liebe erkannt, die Gott zu uns hat, und ihr geglaubt’’ (vgl. 4, 16).

Nous avons reconnu et nous avons cru que l’amour de Dieu est parmi nous.


Après quatre années d'une guerre fratricide le 11 novembre 1918 à 11 heures du matin le clairon sonnait la cessation des combats. Entre le caporal Peugeot, premier soldat français tué au combat, et la dernière victime, près d'un million et demi de Français étaient tombés au champ d'honneur pour la défense de leur patrie.

N'oublions pas non plus les victimes des autres nations. Anglais, Américains, Allemands, Autrichiens, Italiens, Serbes et bien d'autres qui laissèrent sur les champs de bataille européens plus de 10 millions des leurs pour une cause qui leur échappait le plus souvent.

Jamais de mémoire d'homme une guerre n'avait été aussi meurtrière! Oui, vraiment elle avait été d'une telle violence, d'un tel acharnement destructeur pour que tout esprit sensé ne puisse imager un instant que l'on "remette çà" un jour. Aussi, les Poilus l'avaient-ils appelée "La Der des ders" alors que déjà se profilait une guerre plus terrible encore, plus effroyable qui engloutirait l'Europe toute entière dans un océan de feu et de mitraille.

Tranchée allemande


Mais cela ils ne le savaient pas encore, ces pauvres survivants des enfers de Verdun, d'Argonne, du Chemin des Dames, de la Marne et de toutes les batailles qui se déroulèrent sur ces terres qui sentaient si bon le terroir de France, ces terres de la Champagne, de la Woëvre, de l'Artois, du Barrois, de la Picardie, où le paysan semait jadis le seigle, le blé et la luzerne et où eux étaient venus récolter la souffrance, les larmes et le sang. Ils ne pouvaient supposer que cette guerre dont l'horreur ne pouvait qu'inciter les hommes à proscrire à jamais toute violence entre les états, que cette guerre dont ils pensaient qu'elle avait atteint les sommets de ce que l'homme pouvait produire de pire, n'était qu'un avant goût d'une tragédie plus effroyable encore qui aurait lieu vingt ans plus tard.

Tranchée française sur le Chemin des Dames


Aujourd'hui que les passions se sont apaisées, unissons dans notre prière toutes les victimes sans distinction de nationalité afin que leur sacrifice demeure à jamais vivant et soit une leçon pour tous afin que l'humanité sache que jamais une guerre n'a réglé un conflit entre nations, bien au contraire. Elles entretiennent des haines tenaces et des désirs de revanche exacerbés.

La guerre fraîche et joyeuse ça n'existe pas!

Puissions nous aussi nous rappeler que nos nations, chrétiennes dans leur âme profonde, n'auraient jamais dû arriver à tel degré de barbarie si elles ne s'étaient pas détournées de Dieu, les uns au profit d'un laïcisme belliqueux, les autres dans l'exaltation du kulturkampf.

Saint Pie X vit arriver la guerre avec une infinie douleur. Le 2 août 1914, jour de la mobilisation générale en France, le souverain pontife publia une exhortation appelant tous les catholiques à quelque camp qu'ils appartiennent à se tourner vers le Christ, Prince de la Paix. Ce fut son dernier acte pontifical. Son secrétaire d'Etat, l'admirable cardinal Merry del Val rapporta plus tard dans son ouvrage Pie X. Impressions et souvenirs :

"L'horreur de la guerre le tourmentait et l'obsédait jour et nuit. L'invasion de la Belgique et les nouvelles des premières batailles l'accablèrent de douleur."

Vivant dans son corps comme dans son âme déchirée" la plus poignante douleur pour le salut et la vie de tant d'individus et de peuples", selon ses propres termes, Pie X éprouva des malaises grandissants dès le 15 août. Le 20 août, peu après une heure du matin, il remit son âme entre les mains du Père dans un dernier acte d'Amour : "Gesu, Giuseppe e Maria, vi dono il cuore dell'anima mia". La guerre avait tout juste commencé trois semaines auparavant!

vendredi 9 novembre 2007

L'affaire Jeanne d'Arc ou la ténébreuse affaire

Vient de sortir un nouvel ouvrage sur Jeanne d'Arc, un de plus dirais-je, intitulé l'Affaire Jeanne d'Arc. Ecrit par Marcel Gay et Roger Senzig, deux fins limiers, le premier étant grand reporter à l'Est Républicain plus spécialement chargé de traiter les affaires judiciaires, le second étant, tenez-vous bien, un ancien membre des services secrets de la France libre pendant la dernière guerre mondiale. Inutile de vous dire qu'avec un tel duo on ne peut s'attendre qu'à des révélations extraordinaires sur la vie de Jeanne d'Arc.

Le titre du livre d'ailleurs suggère l'idée même d'une affaire mystérieuse : l'affaire Jeanne d'Arc, comme on parlerait de l'affaire du courrier de Lyon, de l'affaire Callas ou de l'affaire Sirven ou du mystère du masque de fer sous Louis XIV. Le lecteur déchantera très vite. En guise de révélations, les deux historiens en herbe, qui en matière d'investigation font plus penser aux Dupont et Dupond d'Hergé, nous annoncent que les origines de Jeanne d'Arc ne sont pas celles que l'histoire veut bien nous rapporter. De plus, la Pucelle d'Orléans n'est pas morte sur le bûcher à Rouen. Il y aurait eu au dernier moment une substitution de personnes. En réalité, on retrouve Jeanne d'Arc cinq ans plus tard environ sous le nom de Claude des Armoises.

L'Affaire Jeanne d'Arc où l'art d'écrire pour ne rien dire.

Nihil novi sub sole!



Les auteurs partent de faits surprenants dans la vie de Jeanne, certes. Comment une jeune paysanne provenant des marches de la Lorraine, parlant un français patoisant qui n'avait pas grand-chose de commun avec le français tel qu'il était parlé à la cour de Charles VII a su montrer d'emblée une excellente connaissance du français d'Ile de France? Dès son arrivée à Chinon, Jeanne fait preuve, malgré ses origines humbles, d'une extraordinaire aisance parmi les grands du royaume, les docteurs en théologie etc ? A son procès, elle témoignera d'une grande vivacité d'esprit qui prouve qu'elle est loin de l'image de la bergère inculte, bergère qu'elle ne fut d'ailleurs jamais comme elle le confirma devant ses juges à Rouen.



Jules Bastien-Lepage Jeanne d'Arc à Domrémy - 1879

Metropolitan Museum of Art, New York



Pour nos deux enquêteurs, la réponse est simple : Jeanne d'Arc ne saurait être en aucune façon la fille de Jacques d'Arc et d'Isabelle Romée, paysans lorrains passablement fortunés. Son aisance, sa maîtrise de la langue française trahissent des origines de haute noblesse.

Pour remettre en cause la version historique de la mort de Jeanne d'Arc, nos limiers s'appuient sur un document parfaitement connu des historiens intitulé Chroniques du doyen de saint Thibault de Metz dont un exemplaire est archivé à la Bibliothèque nationale. Il y est dit ceci :

"L'an 1436, sire Philippin Marcoult fut maître échevin de Metz; la même année, le 20 mai 1436 la Pucelle Jeanne qui avait été en France, vint à la Grange aux Ormes, près de Saint Privat et fut amenée là pour parler avec les seigneurs de Metz. Elle se faisait appeler Claude. Le même jour, ses deux frères vinrent la voir en ce lieu. L'un était chevalier et s'appelait messire Pierre, l'autre Petit Jean, écuyer, et ils croyaient qu'elle avait été brûlée. Mais sitôt qu'ils la virent, ils la reconnurent elle les reconnut de même. »

Bien entendu, nos pseudo historiens ne croient pas du tout au caractère divin de la mission de Jeanne. À ce propos ils écrivent ceci :

« Cette dimension surnaturelle qu'elle donne à ses actes pour expliquer ses nombreux succès fait plutôt sourire de nos jours. Car, aujourd'hui, aucune personne sensée n'ose plus croire à l'intervention des esprits sur les événements de la vie publique. Et les plus fervents catholiques ne conçoivent pas que des êtres immatériels, les anges, les saints et les saintes du paradis, se mêlent aussi directement de politique au point de prendre le parti de l'un contre le parti de l'autre. Sauf, peut-être, une poignée d'irréductibles intégristes. »

Ce passage, au demeurant, reflète l'esprit du livre. On affirme de façon péremptoire, gratuitement, sans citer des références précises, ou apporter des preuves. Qu'est-ce qui autorise Senzig et Gay à affirmer que les plus fervents catholiques ne puissent un instant souscrire à l'épopée de Jeanne telle que nous l'enseignent l'Eglise et l'histoire? Et d'en profiter au passage pour faire une allusion perfide aux irréductibles intégristes, seuls capables d'accréditer de telles sornettes. Tant qu'à faire, il faut rester dans le politiquement correct toujours prompt à dénoncer le catholicisme.

Ceux qui pensaient découvrir un scoop, comme on dit si bien aujourd'hui, en seront pour leurs frais. Les thèses développées et par les Rouletabille et James Bond amateurs, ne leur en déplaise, sont loin d'être nouvelles.

Dans le livre qu'elle consacre sur Jeanne d'Arc et paru en 1986, Régine Pernoud, l'éminente médiéviste consacre une grande part de son ouvrage aux différentes controverses concernant les origines et la vie de la Pucelle. Elle évoque l'hypothèse de l'origine bâtarde royale. Jeanne serait pour certains la bâtarde, fruit des amours illégitimes d'Isabeau de Bavière, épouse du roi de France Charles VI, et de son frère Louis d'Orléans. Elle serait donc la demi-soeur par sa mère de Charles VII, le "Gentil Dauphin" qu'elle avait décidé de faire sacrer à Reims. C'est ce que Régine Pernoud appelle la thèse des "bâtardisants" qui reprend en fait les allégations d'un obscur sous-préfet de province qui, dit-elle, certainement pour tromper son ennui du fond de sa sous-préfecture, fit paraître en 1805 un ouvrages faisant de Jeanne la fille adultérine d'Isabeau de Bavière.

Régine Pernoud revient également sur la thèse des "survivantistes", celle qui affirme que Jeanne ne serait pas morte, brûlée vive, arse comme en disait à l'époque, comme le rapporte l'histoire, à Rouen le 31 mai 1431. Il serait beaucoup trop long ici de développer l'argumentaire de l'historienne qui démonte point par point les allégations des survivantistes lesquels ne sont pas, selon elle, à une contradiction près. Elle admet, cependant, que le fait que ses frères aient reconnu Jeanne constitue un élément plutôt troublant. C'est d'ailleurs le seul élément qui pourrait accréditer la thèse de ceux qui nient le supplice de la Lorraine. Il n'est pas exclu, toujours selon Régine Pernoud, que Petit Jean, un des deux frères, ait pensé tirer partie des affabulations de Claude des Armoises, l'aventurière, pour demander des subsides au roi et tenter de s'enrichir à ses dépens.

Pour rejeter cette thèse, l'historienne se fonde surtout sur le procès de réhabilitation qui serait alors devenu une espèce de mascarade organisée par la mère de Jeanne d'Arc nécessitant une complicité généralisée dans laquelle l'Eglise aurait trempé. Il est peu pensable que l'Eglise, et le pape avec, qui réhabilite la jeune Lorraine, se soient compromis en déclarant que Jeanne avait été brûlée si tel n'avait pas été le cas.

L'affaire Jeanne d'Arc, version Roger Senzig et Marcel Gay n'est donc pas une approche historique fondée sur des arguments nouveaux mais bien la reprise de thèses maintes fois avancées, développées et ressassées. Le moins que l'on puisse dire c'est que leur ouvrage ne fait pas preuve de la plus grande originalité.

Le prince Michel de Grèce qui s'est spécialisé dans les biographies et les romans historiques publia en 2002 un livre intitulé la conjuration de Jeanne. Une fois de plus on y retrouve la remise en cause des origines et de la mort de la Pucelle.

Et pour donner plus de suspense à leur ouvrage le journaliste comme l' agent secret, qui doit être dans son élément naturel, n'ont rien trouvé de mieux que d'évoquer au passage une manipulation du Vatican. Une de plus ! Au train où vont les choses, après le Da Vinci code, on peut se demander si le Saint Siège ne va pas être transformé en une officine d'agents secrets de haute volée, devant lesquels les espions de l'ex KGB passeraient pour des amateurs et des charlots. Bien entendu il est fait allusion aux archives secrètes du Vatican dans lesquelles se trouvaient des documents faisant état de la véritable origine de Jeanne d'Arc. Comme ces archives du Vatican sont bien pratiques ! Elles justifient tous les délires. On peut se demander si demain on ne nous révélera pas le secret de la mort de Marilyn Monroe ou de la princesse Diana grâce à l'existence des archives secrètes du Vatican.

A en croire les deux narrateurs, on pouvait donc s'attendre à des révélations inouïes au sens littéral du terme. Hélas! Manque de chance, comme par hasard les documents concernant l'identité de Jeanne d'Arc ont disparu des archives du Vatican. Tenez-vous bien! Le cardinal Tisserant qui était, à la mort du pape Pie XII, le doyen du Sacré Collège aurait profité de ses fonctions de cardinal bibliothécaire archiviste pour subtiliser les documents en question afin que la vérité ne soit pas connue.

A gauche le cardinal Eugène Tisserant. A droite Monseigneur Lefebvre délégué apostolique pour l'Afrique


Et ce n'est pas fini! Pour clore cette série d'élucubrations, viennent tomber comme un cheveu dans la soupe, à la fin du livre, les travaux d'un scientifique ukrainien, le docteur Sergueï Gorbenko qui aurait travaillé sur les ossements de la basilique de Notre-Dame de Cléry. On y trouve aujourd'hui, dans la crypte, les ossements de Louis XI et de son épouse Charlotte de Savoie. Ils ne sont pas les seuls à avoir été enterrés là. D'autres ossements ont été retrouvés, notamment ceux de Dunois, le compagnon d'armes de Jeanne d'Arc. Selon le docteur Gorbenko, parmi les restes, il aurait identifié le crâne de Jeanne d'Arc ce qui lui aurait permis d'établir la véritable histoire de la Pucelle d'Orléans. Gorbenko aurait écrit un ouvrage sur ce sujet. Problème, et non des moindres, ce livre est introuvable! Personne ne l'a jamais vu. C'est l'arlésienne version Kiev! Nous n'en saurons donc pas plus sur ce crâne ni sur la véritable histoire.



Notre Dame de Cléry

Tout ceci fait un joyeux maelström dans lequel on a peine à s'y retrouver. Non seulement on n'y apprend rien de neuf, mais en plus on finit par s'y perdre totalement. En tout cas rien de bien convaincant qui justifie la lecture de cet ouvrage.

Assurément, ce livre n'ira pas dans ma bibliothèque personnelle prendre sa place aux côtés des différents ouvrages historiques sérieux traitant de la vie de Jeanne d'Arc dont, notamment, ceux de Régine Pernoud.

Une fois de plus, nous constatons le malin plaisir d'historiens autoproclamés qui se croient autorisés à réécrire notre histoire sur la base de ragots, de divagations et de délires paranoïaques. Comme toujours, c'est toujours la foi catholique qui est visée.


Le gendarme Merda ouvrant le feu sur les partisans de Robespierre

A quand, puisqu'on se complait dans le révisionnisme un livre retraçant les amours secrètes de Robespierre et Charlotte Corday qui, excédée, assassina le pustuleux Marat, lequel la pressait de ses assiduités, alors qu'elle était follement éprise de l'Incorruptible? Elle ne fut pas guillotinée car Robespierre intervint et fit procéder à une substitution à la Conciergerie, pas plus que Robespierre ne fut lui-même guillotiné par la réaction thermidorienne. On avait également procédé à une savante substitution. D'ailleurs, souvenez-vous, quand le supposé Robespierre fut conduit à l'échafaud, il portait un pansement à la mâchoire, suite, à ce qu'on nous dit, au coup de feu du gendarme Merda (authentique, par contre! Et ça ne s'invente pas!). Vous n'y êtes pas, amis lecteurs crédules, le pansement était destiné à camoufler le visage de celui qu'on avait envoyé à la guillotine à la place du grand illuminé. En réalité Charlotte et Maximilien se retrouvèrent après la révolution. Ils se marièrent, eurent beaucoup d'enfants et vécurent heureux. D'ailleurs demandez au Vatican, la preuve du mariage existe dans les archives secrètes! A moins que le Cardinal Tisserant ne l'ait subtilisée, sait-on jamais!

dimanche 4 novembre 2007

A VERT issement aux lecteurs!

Hors de l'écologisme point de salut! Le monde jusqu'à présent avait eu droit à une multitude d'idéologies allant du bolchevisme en passant par le stalinisme, le trotskisme, le maoïsme. On a même trouvé des "ismes" là où il n'y en n'avait pas. Monseigneur Lefebvre a créé, à en croire nos chers médias, une nouvelle théologie, le lefebvrisme! C'est, d'ailleurs, faire beaucoup d'honneur au défunt archevêque qui n'en demandait sûrement pas tant, lui dont le combat a consisté à maintenir la foi catholique dans toute son intégrité - Tradidi et quod accepi- sans apporter quelque innovation de son cru. Au demeurant, il serait intéressant de poser la question aux journaleux "sçavants", comme on l'écrivait du temps de Molière, de savoir ce qu'est très exactement le lefebvrisme. Je pense que nous aurions droit à quelques réponses savoureuses. Mais là n'est pas la question du jour.

Nous avons donc une idéologie nouvelle dont on nous dit désormais qu'elle est la seule possible pour assurer le salut de l'humanité. Je me suis empressé d'acheter le livre vert de Ma(hul)o afin d'en savoir un plus sur l'écologisme salvateur. Empressé, à bien y penser, cela me paraît excessif puisque je ne l'ai acheté qu'il y une quinzaine de jours seulement.



Le nouveau guide vert vient de sortir!


Très vite le livre m'est apparu passionnant et empreint d'une immense liberté intellectuelle. Cela commence d'emblée par la couverture qui nous indique que la bible Hulot est écrite avec le concours du "comité de veille écologique". Bigre! Nous avions eu dans le temps les comités de salut public républicains aux heures joyeuses de la révolution rouge sang de 1789 et de la Terreur et voici qu'on nous sert un comité vert. Les comités de salut public, de sinistre réputation, n'étaient même pas qualifiés de veille. Le nôtre si. Cela promet!

Et comme comité de veille il y a, l'éditeur de Monsieur Hulot s'empresse de faire allégeance à la bien pensance verte. Avant même la page de dédicace, notre éditeur se fend d'une déclaration solennelle dont je vous donne la teneur. Je ne peux résister davantage au plaisir de vous la livrer telle qu'elle figure dans le livre du chantre du messianisme vert. Cela vaut son pesant de cacahuètes, vertes, cela va de soi!



NOTE EXPLICATIVE
SUR LA FABRICATION DU LIVRE



Ce livre a été imprimé sur du papier recyclé UPM Brite 55 g/m2 fabriqué à la papeterie de la Chapelle Darblay pour l'intérieur du livre et Cyclus offset 300 g/m2 des papeteries Dalum pour la couverture.
Ces papiers sont fabriqués avec un agent blanchis­sant non chloré à 100 % à base de pâte issue de vieux papiers récupérés après usage sans apport de fibres de bois vierges, ce qui explique leur teinte très légèrement grisée. L'utilisation d'un papier 100 % recyclé peut entraîner quelques contraintes : suivant la nature du papier utilisé pour confectionner la pâte, qui varie quelque peu selon les arrivages, la teinte et la tenue du papier peuvent subir des variations légères. Quelques imperfections visuelles peuvent donc être observées, témoins caractéristiques de la production naturelle du papier. Nous comptons sur votre compréhension si vous en rencontrez dans cet exemplaire. Il nous a en effet paru essentiel d'utiliser, pour fabriquer cet ouvrage, une matière et des techniques en cohérence avec son contenu.

L'éditeur



Comme je ne tiens pas à être suspecté d'hérésie anti-écologisme et finir sur un bûcher purificateur, il m'a semblé urgent de faire moi-même une déclaration de soumission de crainte d'être accusé de collaborationnisme avec les immondes pollueurs que je tiens à dénoncer ici de la façon la plus formelle. C'est pourquoi je tiens à préciser que j'utilise exclusivement pour les besoins de mon blogue un ordinateur et une imprimante de marque Machpro, mais version A+B Pré Carré (marque déposée) – très important et je tiens à le préciser. La souris est nourrie aux grains de canna… euh, pardon, aux grains d'avoine que je cultive sur mon balcon, sans pesticide cela s'entend. Pour les cartouches de mon imprimante je me fournis chez Verpom qui n'utilise que de l'encre de seiche purifiée après filtrage selon la méthode Borhulot-Grenelle version 2007, laquelle méthode a reçu le prix des Deux Nicolas.

C'est pourquoi j'attire l'attention des lecteurs de ce site sur les éventuelles imperfections qu'ils pourraient observer dans ces pages, notamment les fautes de frappe ou les fautes de grammaire. Je les prie de m'accorder leur indulgence mais il était de mon devoir de mettre mon blogue en cohérence avec l'hystérie générale qui s'est emparée de ce pauvre pays.



Ouf je l'ai dit!

jeudi 1 novembre 2007

Gaudeamus




Introït de la messe de la Toussaint

Une précision pour les personnes qui seraient mal informées quant à la liturgie catholique: la Toussaint n'a jamais été la "fête" des morts comme on peut le lire dans la presse qui se permet de commenter la vie de l'Eglise sans rien en connaître.

Certes, par définition les saints sont tous des défunts mais la célébration de tous nos saints, fête de première classe dont la couleur liturgique est le blanc et non le noir, est une fête joyeuse comme nous le rappelle l'introït de la messe avec le gaudeamus - réjouissons-nous.

La Toussaint marque notre communion joyeuse avec tous ceux qui nous ont précédé, immense cortège de tous les saints comme le chante le cantique en français, et que l'Eglise a canonisés en nous invitant à suivre leur chemin de sanctification. N'oublions pas pour autant tous ceux, anonymes, et je suis convaincu qu'ils sont nombreux, qui ont mené sur terre une vie édifiante mais cachée, qu'ils soient religieux ou religieuses, pères ou mères de famille. La sainteté n'est pas la célébrité. D'ailleurs bon nombre de saints ont vécu leur pèlerinage terrestre dans l'humilité et la discrétion comme sainte Catherine Labouré, soeur de la Charité à qui la Vierge Marie apparut en 1830 dans la chapelle de la rue du Bac à Paris.


Le corps de sainte Catherine Labouré telle qu'on peut le voir dans sa châsse aujourd'hui au 140 de la rue du Bac, à la chapelle de Notre Dame de la Médaille miraculeuse.

Le 2 novembre n'étant pas jour férié, les vivants ont anticipé en venant fleurir les tombes des défunts à l'occasion de la Toussaint. En fait, la commémoraison des morts a lieu le lendemain, 2 novembre, célébration de première classe de couleur liturgique noire, signe du deuil dans la tradition catholique (et non le violet qui est signe de pénitence).